vendredi 17 novembre 2017

Alice au Pays des Merveilles


A l’occasion du festival des Utopiales, notre plus jeune chroniqueuse, Etoile, 6 ans, a assisté à deux projections d’Alice au pays des merveilles, dans deux versions extrêmement différentes tant sur un plan visuel que du point de vue de l’histoire.

Etoile a tout d’abord découvert le film franco-britannique de Marc Maurette, Dallas Bower et Louis Bunin, adaptation assez fidèle du roman de Lewis Carroll. Le rôle titre est joué par Carol Marsh. L’avantage de cette version est qu’elle ne dissimule pas la dimension satirique de l’œuvre, notamment à travers la représentation de la reine Victoria. Ce film a malheureusement subi les foudres de Walt Disney, qui, inquiet pour le succès de son propre dessin animé (sortie prévue en 1951), a saisi la justice afin d’obtenir un report de la sortie de l’œuvre européenne. Il n’a pas obtenu gain de cause, mais, à force de pressions sur les laboratoires et les salles, il est parvenu à priver Bunin d’un certain nombre de soutiens qui ont nui à la fois à la qualité du film et à sa diffusion. Relativement méconnue, cette oeuvre n’est cependant pas dépourvue d’intérêt.

Le film s’ouvre sur une visite de la reine Victoria à l’université d’Oxford. Le doyen du prestigieux établissement a consigné ses trois chipies de filles dans leurs appartements afin d’éviter qu’elles ne commettent impairs ou bêtises. Le révérend emmène alors les sœurs en balade et profite d’une virée en barque pour leur conter l’histoire d’Alice. 


Etoile nous résume ainsi ce qu’elle a compris de l’histoire : "C'est l'histoire d'Alice qui est en train de rêver, et elle rêve qu'elle tombe dans un trou de lapin et elle vole avec sa robe et elle poursuit le lapin pour savoir ce qu'il fait, parce qu'elle ne sait pas. Elle rencontre des animaux imaginaires, comme le chat. Alice va chez la reine en prenant un chemin. Les cartes de la reine sont des cartes pour jouer. Elles parlent et bougent. La reine est très grande et le roi très petit. La reine dit toujours "qu'on lui coupe la tête !". Alice finit par ressortir. En fait elle était dans un rêve. Elle rentre chez elle."

Athina, sa Maman, a recueilli ses impressions après la projection :

Etoile, tu as d'abord assisté à la projection du film de 1949, qui est donc très ancien, par rapport aux films que tu as l'habitude de voir. Qu'en as-tu pensé ? Etait-ce bizarre pour toi ?
Etoile : Cela se voyait que c'était un très ancien film mais il n'est pas en noir et blanc, il y a des couleurs, d'ailleurs la robe d'Alice est bleue. Il y a des gens qui jouent, et aussi des marionnettes. Alice est jouée par une jeune fille et pas une petite fille, et j'aime bien comme ça. 

Athina : est-ce que tu t’es ennuyée ? Quels sont pour toi les points négatifs ?
Etoile : Je ne me suis pas ennuyée, même au début si c’est un peu long. J’ai tout compris à l’histoire je crois. Les marionnettes, je n'ai pas trop aimé, elles sont mal faites, vraiment pas très belles. Cela m'a un peu embêtée pour suivre. Je n'ai pas trop aimé les chansons non plus. 
Et puis on voit trop peu le chat je trouve, alors que moi je l’adore.

Athina : Conseilles-tu malgré tout le film ?
Etoile : Oui, il faut aller le voir parce qu’il est quand même bien. J’aime bien les deux versions en fait.


Etoile a en effet enchaîné sur la projection du film d’animation de Disney, qui offre une adaptation bien plus libre de l’œuvre de Carroll.

Athina : Etoile, tu m’as confié avoir préféré la version de Disney. Peux-tu m’en dire davantage ?
Etoile : J’ai préféré, oui, peut-être parce que j’ai plus l’habitude des dessins animés. Je croyais que le film de Disney était beaucoup moins vieux que l’autre. Je trouve qu’il est plus drôle, et le chat est plus présent. Donc je conseille de plutôt voir le dessin animé.

L’avis d’Athina :

L’Alice européen possède un charme indéniable mais il souffre selon moi d’un côté un peu sombre. Il manque d’excentricité, de fantaisie, de merveilleux. Les marionnettes ne sont esthétiquement pas très réussies, voire parfois presque effrayantes. L’interprétation de Carol Marsh est charmante mais très surjouée. Alice manque un peu de caractère et de piquant pour être réellement convaincante. Au final, le film présente sans doute plus d’intérêt pour un public adulte qui saisira la critique de la société victorienne.


La version de Walt Disney est sans conteste une grande réussite, un classique incontournable. Bien qu’assez éloigné de l’esprit de Carroll sur certains aspects, il en capte cependant l’aspect fantastique et merveilleux voire délirant avec brio. L’histoire d’Alice est avant tout un rêve, avec son lot d’incohérences et de non-sens, ce que le film de Bunin perd un peu de vue.
Pour conclure, les deux œuvres présentent chacune un intérêt totalement différent et les comparer serait inutile et stérile. Il me semble donc pertinent de découvrir chacune d’entre elles.

Merci aux Utopiales de nous avoir offert l’opportunité de (re)voir ces œuvres !

Etoile et Athina

Alice aux Pays des Merveilles, de Marc Maurette est disponible ICI

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