Dès le milieu des années 70 le nom du Transperceneige commence à circuler. Le récit avait été initialement écrit pour Alexis (de son vrai nom Dominique Vallet), scénariste et dessinateur de bandes dessinées. Il a dessiné 16 planches du Transperceneige avant de mourir en 1977.
Cette BD de science-fiction post-apocalyptique en noir et blanc est finalement publiée du 1er Octobre 1982 au 1er Juin 1983 dans le magazine (A suivre) et portée par Jacques Lob au scénario et Jean-Marc Rochette au dessin. L'oeuvre sera poursuivie et terminée (sous les titres de L'Arpenteur et de La Traversée) par le scénariste Benjamin Legrand, remplaçant Jacques Lob en 1999.
Cette BD de science-fiction post-apocalyptique en noir et blanc est finalement publiée du 1er Octobre 1982 au 1er Juin 1983 dans le magazine (A suivre) et portée par Jacques Lob au scénario et Jean-Marc Rochette au dessin. L'oeuvre sera poursuivie et terminée (sous les titres de L'Arpenteur et de La Traversée) par le scénariste Benjamin Legrand, remplaçant Jacques Lob en 1999.
Le héros Proloff entame une traversée du convoi de la queue du train vers la machine, afin de comprendre la situation suite à des événements horribles qu'il refuse de divulguer à ses interlocuteurs.
Il va rencontrer Adeline Belleau qui est à la tête d'un parti pour l'intégration des passagers de queue dans les wagons de tête.
Il va rencontrer Adeline Belleau qui est à la tête d'un parti pour l'intégration des passagers de queue dans les wagons de tête.
Partant d'une "idée simple et puissante", Jacques Lob reprend la plupart des grands thèmes de la science-fiction post-apocalyptique : l'arche, la société condamnée, le héros attaché à sa survie, la dictature qui se met en place, les oppressions et révoltes...
Le trait froid (et en noir et blanc) du dessinateur Jean-Marc Rochette renforce le récit "dur, amer et étouffant".
Le trait froid (et en noir et blanc) du dessinateur Jean-Marc Rochette renforce le récit "dur, amer et étouffant".
Amis voyageurs de la SNCF on est là bien loin des voyages en Corail en feuilletant "La Vie Du Rail" !
Nous voilà donc en 2013 et le Transperceneige vient de sortir dans les salles obscures. L'hiver approchant, c'est bien choisi pour un film où la neige et le froid sont omniprésents.
Bong Joon Ho (qui nous avait déjà régalé avec The Host en 2006) est aux commandes de ce film tant attendu. Vous avez aimé la BD ? Autant vous le dire Bong Joon Ho s'éloigne de l'oeuvre pour n'en garder que le fil rouge du premier tome. On retrouve le train, le fameux Snowpiercer, la Terre où toute vie a disparue ensevelie sous la glace (une solution avait été trouvée pour stopper le réchauffement climatique mais a entrainé une nouvelle ère glaciaire), et un homme, Curtis, qui va remonter ce monstre d'acier (tranchant la glace depuis 17 ans sans jamais ralentir) et traverser toutes les couches de la société aidé par d'autres "queutards" révoltés.
Notre réalisateur sud-coréen frappe fort. C'est cru, froid et violent. On est loin du cliché manichéen avec les gentils pauvres et les méchants riches. Tout le monde à bord a sa part d'ombre (violent, drogué au Cronol dans le film et au Vap'shit dans la BD...) et chacun est porté par la défense de sa propre (sur)vie.
On suit la progression du héros, un homme qui n'est pas forcément vertueux (cf les confidences qu'il fait concernant sa survie dans les wagons de queue). On a l'impression que chaque passage de porte vers le wagon suivant est un nouveau niveau à l'instar d'un jeu vidéo et que le groupe mené par Curtis va devoir l'emporter pour passer au suivant.
Notre homme assoiffé de vengeance à son départ des wagons de queue va peu à peu s'avérer un tantinet corruptible et devient plus nuancé. Tantôt révolutionnaire, tantôt marionnette au service du pouvoir en place, le groupe des wagons de queue reste déterminé dans sa quête de justice et d'égalité.
On suit la progression du héros, un homme qui n'est pas forcément vertueux (cf les confidences qu'il fait concernant sa survie dans les wagons de queue). On a l'impression que chaque passage de porte vers le wagon suivant est un nouveau niveau à l'instar d'un jeu vidéo et que le groupe mené par Curtis va devoir l'emporter pour passer au suivant.
Notre homme assoiffé de vengeance à son départ des wagons de queue va peu à peu s'avérer un tantinet corruptible et devient plus nuancé. Tantôt révolutionnaire, tantôt marionnette au service du pouvoir en place, le groupe des wagons de queue reste déterminé dans sa quête de justice et d'égalité.
Les affrontements entres les révoltés et les forces de l'ordre sont assez dures, attention aux âmes sensibles. D'autant plus que certaines scènes sont entrecoupées de moments calmes (exemple : la nouvelle année au milieu d'un combat) ou des passages vu au travers de caméras nocturnes (nous enlevant ainsi les couleurs du sang qui gicle) ce qui joue avec les nerfs du spectateur. La tension est toujours palpable.
Un hommage à la bande dessinée
Pour ma part j'ai tout de même relevé quelques clins d'oeil à la BD : la ressemblance physique entre Proloff et Curtis...
Pour ma part j'ai tout de même relevé quelques clins d'oeil à la BD : la ressemblance physique entre Proloff et Curtis...
... la présence dans la BD des Prêtres Mécano qui prêchent la bonne parole ("Ô Saint Loco, que ton mouvement dispensateur d'énergie ne se ralentisse point ... Saint Loco, source de vie, roulez pour nous") et rappellent furieusement Mason (interprétée par Tilda Swinton) : ses discours surjoués et maniérés font d'elle une prêtresse digne d'une secte. Elle est parfaite dans le rôle et terriblement effrayante. On peut le dire : elle est glaciale et sans coeur !
Le film, une réussite à tout point de vue
Les acteurs incarnent à merveille leurs personnages : Chris Evans (que nous avons vu dans Captain America entre autre) interprète Curtis avec une grande justesse, il est sans cesse confronté à des choix qui ne sont pas toujours moraux (tuer pour survivre et manger). Tilda Swinton est délicieusement détestable en dame de (chemin de) fer qui affirme que chacun à sa place et un rôle défini dans le convoi.
Le duo père-fille coréen (Song Kangho/Ko Asung déjà vu dans The Host) qui aide Curtis dans sa traversée est sensationnel (on pourrait ajouté drogué et visionnaire).
Même Ed Harris en "big boss" du train est convainquant. Son apparition est courte mais marquante.
Une grande partie de leur jeu se fait dans le regard et les non-dits, renforçant ainsi le malaise que suscite cet univers claustrophobique où règne la mort.
Le passage d'une BD en noir et blanc à un film en couleur était un poil risqué mais le réalisateur s'en sort parfaitement. Les décors sont superbes et jouent sur l'opposition entre l'espace confiné du train et l'immensité glaciale de la Terre, sur le train sombre et le blanc aveuglant de la neige...
La bande-son est efficace, discrète et s'insinue dans nos têtes. La musique accompagne le film sans s'imposer et renforce le côté angoissant des images.
Le train, un protagoniste primordial
A noter que le train est autant le décor principal du film qu'un "personnage" à part entière : il est en effet le protecteur nourricier de ce qu'il reste de l'humanité. Le Transperceneige était d'ailleurs appelé Olga dans la bande dessinée ce qui renforce le caractère "humain" de la machine : "Olga n'a besoin d'personne ! elle fonctionne très bien toute seule..."
Elle est même "divinisée" dans la BD quand on voit qu'un ordre religieux s'est créé et prie pour la Sainte Loco.
Dans le film Mason, bras droit du chef de train et l'institutrice, en charge des enfants privilégiés du convoi, sont les deux personnages qui glorifient le train et lui donne cette place d'être vivant protecteur : au travers de discours et de vidéos de propagande elles insufflent l'idée d'un train sauveur dont chaque vibration est un souffle de vie.
A mon goût un très bon passage de la BD à l'écran. Il est bien précisé que le film est inspiré de la BD ne soyez donc pas surpris de ne pas retrouver l'exactitude du scénario. N'oubliez pas non plus que la BD est sortie dans les années 80 et que le film sorti cette année fait appel à des effets spéciaux, des costumes, technologies, design et architectures que nous trouvons au 21ème siècle. Le rendu final est plus en adéquation avec notre époque.
Après 8 ans de préparation le réalisateur sud-coréen nous offre une oeuvre mêlant action, science-fiction et politique à ne manquer sous aucun prétexte.
Lady Fae
J'avoue avoir été séduite par la majeure partie du film. La fin, par contre, me semble très décevante, en cédant à une sorte de sentimentalisme qui n'avait pas sa place au sein de cette oeuvre jusqu'à lors sans concession. Les deux dernières scènes me semblent superflues, surtout la dernière, qui m'a semblée d'un ridicule tel que j'avoue avoir en avoir ri...
RépondreSupprimer