L'Etrange Librarium : Bonjour, pouvez vous vous présenter et nous parler de votre parcours, présenter votre roman à nos lecteurs ? (diplôme, expérience professionnelle, bibliographie) ?
Jérémi Sauvage : Bonjour ! Professionnellement, je suis maitre de conférences à l’université Paul-Valéry à Montpellier. Je travaille en phonétique et sur les processus d’appropriation des langues (acquisition du langage et didactique des langues). L’un des intérêts de ce métier est qu’il faut écrire des articles et des livres (scientifiques) et que j’adore écrire. J’alterne donc l’écriture dans le cadre de mon travail et l’écriture comme loisir. J’ai commencé à publier des nouvelles dans les années 1990, notamment dans Destination Crépuscule 3 et dans l’anthologie Fantasy au Fleuve Noir (avec Claude Castan). C’était encore l’époque des fanzines papiers. J’avais moi-même mon propre fanzine au nom très original (Revue de l’imaginaire, puis RDI). Dans le 12e et dernier numéro, nous avions publié deux nouvelles, un auteur confirmé, Roland C. Wagner (qui nous manque tant) et un tout jeune auteur qui depuis a bien roulé sa bosse, Hervé Jubert. J’ai ensuite participé au Prozine Show Effroi, puis à la revue Ténèbres, avec Daniel Conrad. J’ai ensuite levé le pied sur les activités éditoriales pour me consacrer plus à l’écriture (à l’exception d’une collection scientifique chez l’Harmattan, "Enfance & Langages", que j’ai créée et que je dirige depuis 2008). J’ai alors publié une dizaine d’ouvrages dont un recueil de nouvelles SF en 2005, Pluie de bulles (Le papillon épinglé), une biographie du groupe de rock anglais The Mission en 2008, Le jardin des délices (Camion Blanc), un recueil de nouvelles fantastiques en 2012, Nous sommes un monstre (Malpertuis) et enfin le roman SF Bleu Cobalt 1 – Ailleurs/Crépuscule en 2013 (Le rire du serpent), premier tome d’un cycle qui en contiendra au moins trois.
E.L : Quelles sont vos sources d'inspiration ? Vos "maitres" et coups de Cœur en littérature ?
J.S : J’adore cette question parce que je me la pose de temps en temps, à l’heure des bilans. Ma première source d’inspiration est certainement le monde (étrange) dans lequel nous vivons. La musique joue également un rôle primordial dans mon processus d’écriture. L’ambiance d’une chanson peut servir de déclencheur ou d’épaississeur pour construire un univers. Sur le plan littéraire, j’admire beaucoup d’écrivains. Dans les classiques de l’imaginaire, j’adore Isaac Asimov (Fondations), Franck Herbert (Dune), Philip K. Dick (Ubik), H.P. Lovecraft (tout) et plus récemment Dan Simmons (Hyperion), Stephen King (à peu près tout), Michael Moorcock, Fritz Leiber, Tolkien... Ensuite, j’aime les premiers romans de Maurice G. Dantec (La sirène rouge, Les racines du mal, Babylone babies), tout Michel Houellebecq, Marie Darrieussecq, Jonathan Coe, Martin Sutter, Poppy Z. Brite… Ayerdhal, Pierre Bordage, Anthelme Hauchecorne, Thomas Day, Jean-Claude Dunyach, Jean-Marc Ligny, Laurent Whale sont sacrément bons également. Et puis Camus, Balzac, Maupassant et tant d’autres…
Et coup de cœur cinématographique... ?
Je ne suis pas très original non plus sur le plan cinématographique, si ce n’est que je fais partie des personnes qui pensent que le format série (12h ou 16h de récit par saison) devient au moins tout aussi intéressant que l’œuvre cinématographique. Matrix a été une grosse claque, tout comme Pi (le premier film de Darren Aronofsky) ou The Big Lebowsky (Frères Cohen). Je suis fan de Tarantino. Et j’aime également les grosses cylindrées comme Star Wars, and Co. Du coup pour les séries, j’adore ou ai adoré Breaking Bad, Game of Throne, Walking Dead, House, Boardwalk Empire, Madmen, Californication, Battlestar Galactica (les deux séries), Les Mystères de l’Ouest, Twilight Zone, The Sopranos, etc.
E.L : Qu'est ce qui vous a amené à écrire ?
J.S : Ca, je n’en sais trop rien. J’ai commencé à inventer des histoires avant d’écrire. Et j’ai toujours écrit depuis l’âge de 6 ans. Peut-être le nombre important de punitions que j’ai dues faire à l’école primaire et au collège… En tout cas, les rencontres sont importantes. Quelques discussions, conseils, coups de pouce, encouragements. En cela, Gilles Dumay, Claude Castan et Daniel Conrad ont joué un rôle important à la fin des années 1990 pour que mes tapuscrits ne crèvent pas étouffés au fond d’un tiroir.
E.L : Comment s'organise le travail autour de l'écriture ? Avant après la publication ? Pendant l'écriture : un moment de la journée où vous écrivez le mieux ? Un rituel autour de l'écriture ?
J.S : Je n’ai pas vraiment de rituels, si ce n’est généralement de me construire une ambiance musicale. Généralement, je réfléchis longtemps à une histoire que je fais dérouler dans ma tête, comme un film. Lorsque j’ai assez avancé (généralement sans connaître la fin), j’élabore un synopsis et je commence à rédiger (les tomes 2 et 3 de Bleu Cobalt sont déjà bien avancés). En rédigeant, je ne suis pas scrupuleusement le synopsis, bien entendu J et je pars parfois dans des directions auxquelles je n’avais pas réfléchi avant. Cela me plait beaucoup de me laisser emporter par mon clavier. Pour le reste, j’imagine qu’il n’y a rien de très original, correction, réécriture. Relecture à voix haute et dernières modifications jusqu’au BAT. Après, j’aime bien participer à "la promotion" du projet fini. Par exemple, pour le livre sur The Mission, j’avais pris une trentaine d’exemplaires à Londres pour les vendre à la sortie des concerts en 2008 ! Une valise était quasiment dédiée à ça.
E.L : Autre chose à nous faire partager vous avez carte blanche ! (remerciements, un mot sur la maison d'édition, retours que vous avez eu de vos lecteurs, ce qui vous plait en SF ? Ce que vous souhaitez transmettre en écrivant ? Récompenses ou prix reçu pour votre livre ? Invitation à visiter votre blog, futurs projets ? ....)
J.S : Continuez d’acheter des livres (en papier ou en numérique). La SF est un laboratoire littéraire qui permet d’analyser le monde dans lequel nous vivons. Je remercie les "petits" éditeurs avec lesquels j’ai collaborés (en particulier Malpertuis – Thomas Bauduret & Christophe Thill – et Le rire du Serpent – Rémy Brument-Varly) ainsi que les libraires qui tentent de faire leur travail du mieux qu’ils le peuvent contre les suceurs de moëlle que sont les géants comme "Amazon". J’espère que le volume 2 de Bleu Cobalt paraîtra à l’automne 2015 au Rire du serpent. Je dois terminer cette année un gros ouvrage sur le développement du langage articulé aux théories de la complexité et du chaos. J’alterne… Merci à Aurélie et à l’Etrange Librarium pour permettre aux livres et aux littératures de l’imaginaire d’exister.
Propos recueillis par Lady Fae
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