Cette année, la compétition internationale de courts métrages des Utopiales était particulièrement riche, puisqu’elle comportait pas moins de quatre sessions, contre trois l’année précédente. Nous avons pu assister à trois d’entre elles, ainsi que visionner le prix du public, rediffusé en fin de festival.
Nous vous avons fait part de notre avis concernant la session 3 au cours du festival, voici aujourd’hui un petit résumé de nos ressentis concernant le reste des courts métrages en compétition.
Session 2 :
La deuxième session offrait au public un contenu à la qualité extrêmement hétérogène. Pas de véritable coup de cœur parmi les œuvres présentées, cependant certaines d’entre elles méritent l’attention.
Green Light de Seongmin Kim (Corée du Sud), qui montre l’alliance post-Apocalypse d’une petite survivante humaine avec un robot soldat qu’elle a réparé séduit par sa poésie. Le duo tente en effet de reconstituer un écosystème quasi entièrement détruit tout en développant une solide relation d’amitié et d’entraide non dénuée d’humour. L’ensemble manque tout de même un peu de consistance, notamment au niveau du personnage de la jeune fille.
Fatcula de Martinus Klemet (Estonie), qui met en scène une clinique de beauté très atypique, s’avère pertinent dans sa critique sociale, toutefois le propos aurait certainement pu être appuyé davantage.
Icarus de Tom Teller (USA), qui nous transporte sur Mars en compagnie d’un duo mère-fils, dispose d’une très belle esthétique et d’acteurs convaincants, mais souffre d’un scénario un peu plat et sans réel intérêt.
Lacrimosa de Tanja Mairitsch (Autriche) emporte le spectateur dans un monde imaginaire au sein duquel évoluent deux personnages dont l’amour dépasse toutes les frontières. Un petit bijou onirique, au visuel parfait, mais avec certaines longueurs.
Lunatique de Gabriel Kalim Mucci (Brésil) nous montre une femme luttant pour sa survie dans un monde post apocalyptique. Un court-métrage assez efficace et rythmé à la façon d’un jeu vidéo qui manque cependant d’originalité. Une sensation de déjà-vu.
Nicole’s Cage de Joseph Brandi (Allemagne) est une œuvre extrêmement déconcertante qui suscite cependant l’intérêt, même si le côté absurde voire franchement abscons lasse par moments. Il narre une scène de vie d’un couple s’installant dans un appartement intégré dans une grande roue.
Black Holes : how embarrassing to be human de David et Laurent Nicolas (France), qui met en scène un astronaute contraint de faire équipe avec un melon doué de conscience, réincarnation d’un grand couturier, constitue une jolie surprise avec un humour à la fois délirant et intelligent, qui nécessite toutefois pour être compris de posséder une certaine culture cinématographique (référence à Kubrick et son « 2001 »).
Session 4 :
Cette session s’est révélée contenir de jolies pépites.
It’s all in your head de Greg Jeffs (Canada) réinterprète intelligemment nos peurs d’enfants, en mettant en scène une petite fille qui n’hésite pas à affronter le monstre de son placard. Court et percutant.
Caronte de Luis Tinoco (Espagne) retient l’attention par son originalité et sa puissance émotionnelle. Une petite fille mène deux combats complètement imbriqués, dans la réalité et en jeu vidéo. Un court-métrage haletant et bouleversant.
The meltdown de Connor Kerrigan (USA), qui met en scène des personnages au sein d’une centrale nucléaire, marque par son humour sarcastique.
Hybrids (Florian Brauch, Matthieu Pujol, Kim Tailhades, Yohan Thireau, Romain Thirion, France), qui remporte le prix du jury ex aequo avec Metube 2 de Daniel Moshel, est visuellement somptueux. Il présente un monde marin peuplé de créatures hybrides, constituées en partie de déchets métalliques ou mécaniques. De superbes idées servies par un scénario bien mené et des images magnifiques.
The Boogeys de Sanjay François Sharma (Canada) est une œuvre particulièrement sombre, située dans un futur marqué par une domination alien et des humains parqués dans des ghettos. Un court métrage prenant et sensible.
Voyagers (collectif, France) met en scène avec un humour irrésistible un astronaute avec son poisson rouge, un chasseur indigène et un tigre dans une course qui n’a rien à envier aux meilleurs cartoons. Terriblement divertissant !
Last tree standing d’Agnes Baginska (Australie, USA, Pologne) propose une dystopie au sein de laquelle une petite fille se prend d’amitié pour une créature mi-homme, mi-arbre traitée comme un monstre par des humains ayant perdu toute empathie. A la fois cruel et poétique.
Je n’ai pu me rendre aux projections de la première session, toutefois j’ai pu assister à la rediffusion d’Einstein-Rosen d’Olga Rosario (Espagne), qui a reçu le prix du public. Un petit garçon persuadé d’avoir trouvé un trou de ver cherche à en convaincre, sans succès, son grand frère. Trente ans plus tard, ce dernier est pourtant bien obligé de reconnaître qu’il avait raison. Un court métrage excellent et bourré d’humour, servi par une interprétation d’une grande justesse. Un prix bien mérité !
Athina
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