Athina et Lady Fae ont eu l’incroyable opportunité en ce Festival des Utopiales de rencontrer Monsieur Corwin Ravencroft, gardien de l’histoire du Professeur Nicéphore Onésime Berlupin, également archiviste de ses fabuleuses connaissances, ainsi que de ses objets et travaux.
Ce curieux personnage a accepté de nous livrer les secrets de son exposition, et nous lui en sommes infiniment reconnaissantes.
Corwin se définit comme l’assistant, l’ami, le confident, le fils adoptif du Professeur. Ce dernier lui a confié la lourde tâche de présenter ses connaissances aux humains.
Corwin se lance alors dans un passionnant récit : "Le Professeur est né au début du XIXème siècle. C’était un grand scientifique, mais aussi un explorateur. Il a beaucoup étudié : théologie, langues, mythologie, sciences… Il était curieux de tout, multipotentiel. Il s’est passionné pour les contes et légendes." Sa rencontre avec Brendan Ravencroft, père de Corwin, est déterminante. Berlupin cherche alors à trouver des pistes au sein des collines irlandaises afin d’entrer en contact avec les créatures féériques. Le duo réussit à entrer en Féérie. "Ils rencontrent alors ma mère, une banshee, voilà qui explique la couleur de mes yeux". En vivant parmi les immortels, Berlupin commence à craindre la mort et entreprend des recherches sur l’immortalité. "Il fréquente Van Helsing, qui lui lègue un kit anti-vampires, ainsi que le Dr Jekyll. A 50 ans, il réussit à trouver comment arrêter de vieillir. Le problème est que le processus altère son cerveau, et il commence à fréquenter de mauvaises personnes." Après avoir mené des hybridations humano-féériques, il achète un hôtel à Whitechapel… Puis il se réfugie dans le château de Frankenstein et reprend ses expériences. Il utilise ses connaissances pour créer des armes.
Il sent les bouleversements qui s’annoncent dans le monde. Il conçoit alors des armes ou autres supports comme un extracteur de dryades ou encore une arme contre les loups-garous. Il invente des seringues qui injectent aux victimes une substance qui les transforment en arbre.
"A l’occasion de la première guerre mondiale, il retourne en Féerie et commence à vendre ses armes. Il convainc les peuples féériques qu’il y a un déséquilibre dans le monde et qu’il est nécessaire qu’ils se dévoilent et participent à la guerre. Il devient alors un intermédiaire entre les deux mondes. Il recrute une cavalerie de centaures, des nains issus des mines, efficaces pour creuser des tranchées. II forme des guetteurs nyctalopes."
Corwin poursuit : "J’ai été victime d’une explosion d’obus pendant la guerre. Je me suis retrouvé à l’infirmerie et j’ai été soumis à des expériences par le professeur, qui m’a reconnu et sauvé. Il m’a greffé des poumons mécaniques. Pendant ma convalescence, il m’a conté sa vie."
Berlupin s’est finalement rendu compte que la magie était dangereuse entre les mains des humains. Il s’est mis à regretter ce qu’il avait fait et a pris la décision d’essayer de tout récupérer et tout détruire. Il essaie depuis de protéger tout le monde et de réparer ce qui a été fait. Il a énormément voyagé pour cela.
Il y a une Vérité cachée dans les contes qu’il faut découvrir. De nombreux objets sont cachés dans un entrepôt secret. Certains sont très négatifs, d’autres sont porteurs d’espoir.
Corwin accepte alors de nous livrer les secrets de certains d’entre eux.
Nous découvrons ainsi le rosaire d’un pilote germanique de Messerschmitt. Un jour, il s’est retrouvé en face d’un avion américain, un B17 en mauvais état, qu’il a protégé des canons allemands. Quarante ans plus tard, le pilote américain raconte cette histoire devant une assemblée, ignorant que son sauveur est dans le public. Ce dernier se lève et se présente, et c’est une magnifique amitié qui naît. Le rosaire du pilote possède un pouvoir de concentration des émotions. Si on le tient, il donne l’esprit d’entraide.
Certains objets sont plus négatifs, tels que le rasoir issu d’un camp de concentration. Si on le tient, on meurt asphyxié. Chaque objet peut être positif ou négatif, tout dépend comment on l’utilise.
Corwin nous présente également une balle de pistolet. Roosevelt, sans doute l’un des présidents américains les plus appréciés, doté d’une incroyable force de caractère et qui fut à la fois trappeur, boxeur, chercheur d’or et bien d’autres choses encore, s’est un jour pris une balle dans la poitrine au cours d’un discours. Heureusement, les dégâts ont été limités par le fait qu’il avait dans sa poche son discours et son étui à lunettes. Bien que blessé, Roosevelt termine son discours. A l’hôpital, on lui annonce que la balle est trop proche du poumon et qu’elle ne peut donc être retirée… Berlupin a pu la récupérer. Celui qui la tient peut résister 1H30 à une blessure mortelle.
La collection comporte également une boîte qui a appartenu à un individu qui souffrait d’une maladie générant une faim incontrôlable. Il a travaillé dans un cirque, parmi les Freaks, mais s’est fait renvoyé du fait de son trouble. Il a alors été contraint de manger des ordures. Il se fait finalement militaire, et ses supérieurs lui font avaler les documents importants pour les régurgiter ensuite. Malheureusement, il se fait attraper et tabasser. A l’hôpital, aucun traitement ne fonctionne. Il s’échappe une nuit et va jusqu’à boire du sang d’autres malades ou dévorer des cadavres. Il disparaît ensuite et on le retrouvera bien plus tard, décédé de la tuberculose. Si l’on ouvre sa boîte, on souffre tout comme lui d’une faim insatiable.
Corwin nous montre ensuite un morceau d’os humain. Lors de la construction du Golden Gate Bridge, un ouvrier est tombé dans le béton frais. Sa jambe dépassait. Personne n’a pu récupérer le corps, qui est donc resté dans les fondations, mais sa jambe a été découpée. L’os issu de celle-ci permet de se téléporter au Golden Gate.
Nous découvrons également un couteau conçu à partir d’une douille, issu d’une rencontre entre soldats dans le No man’s land. Des soldats pourtant ennemis se sont entraidés, mais cela s’est su, et ils ont été mutés. Ce couteau fait partie des cadeaux échangés entre eux. Il est porteur d’espoir.
La collection comporte des objets extrêmement variés, puisque l’on trouve également par exemple la passoire en osier de Beatrix Potter, dont elle se servait pour faire ses infusions de champignons hallucinogènes. Elle continue de produire les mêmes effets.
Corwin achève sa présentation de ces quelques éléments de la collection en nous faisant observer un poignard issu d’une secte russe. Persuadés qu’Adam et Eve étaient asexués et qu’ils ont coupé la pomme en deux, ils se castraient et se coupaient les seins. La secte a ensuite été éradiquée par le gouvernement.
"Bref, beaucoup d’objets ont une histoire dérangeante…"
Suite à cette présentation, notre curiosité nous a poussées à poser quelques questions à Corwin :
L’Etrange Librarium : vous avez évoqué la puissance de ces objets ainsi que leurs pouvoirs. Comment procédez-vous pour les manipuler tout en vous préservant de leur influence ?
Corwin Ravencroft : Lorsque je les manipule, je porte des gants spéciaux, qui annihilent les effets.
L’Etrange Librarium : Le Professeur Berlupin a pris soin de cacher ces objets, ne craignez-vous donc pas de les exposer ainsi ?
Corwin Ravencroft : je suis vigilant, de plus il n’y a qu’une petite partie des objets ici. Berlupin a également pris soin d’effacer tout souvenir de l’histoire des relations entre les deux mondes de la mémoire humaine. Les habitants de Féerie se sont recachés. Il a tiré les leçons de la seconde guerre mondiale. Berlupin lui-même a disparu, mais il continue de m’envoyer régulièrement des instructions pour récupérer des objets.
L’Etrange Librarium : Qu’en est-il des gouvernements ? Y a-t-il un risque de récupération de ces objets à des fins peu glorieuses ?
Corwin Ravencroft : Berlupin a heureusement rayé ces souvenirs de l’histoire en général, ainsi que de l’esprit de nos dirigeants.
L’Etrange Librarium : Cela peut peut-être malgré tout expliquer l’attrait de certains de ces dirigeants, au niveau du subconscient bien sûr, pour des thématiques ésotériques ou encore pour les vampires, par exemple. Je pense notamment à Lincoln. Ce type d’intérêt est assez étonnant pour être interrogé. Peut-être y a-t-il un lien…
Nous terminons cet entretien par une petite question pour Guillaume Habert.
L’Etrange Librarium : as-tu pour objectif de concevoir un ouvrage autour de cette collection ? Cette dernière s’est beaucoup étoffée depuis que nous t’avons rencontré il y a quatre ans !
Guillaume Habert : j’ai un certain nombre d’idées, pourquoi pas une sorte de registre illustré, autour de petites brèves. Beaucoup de gens me disent que je dois me lancer, mais j’ai du mal à sauter le pas. J’ai pourtant très envie de développer un tel projet !
Pourquoi ne pas l’y encourager ? N’hésitez pas à découvrir son univers fabuleux sur son site et sa page Facebook !
Nous remercions chaleureusement Corwin (ainsi que Guillaume) de nous avoir ouvert les portes de sa magnifique collection ainsi que d’avoir accepté de nous livrer certains secrets.
Athina et Lady Fae
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