mardi 10 janvier 2017

Quelques minutes après minuit, de Juan Antonio Bayona


Conor O'Malley est un jeune garçon qui vit seul avec sa mère, gravement malade. Chaque soir, peu après minuit, un monstre lui rend visite et "apporte avec lui l'obscurité, le vent et les cris....". 
Trop vieux pour être encore un enfant mais trop jeune pour être un adulte Conor se voit pourtant confronté à la plus terrible des épreuves : la perte d'un être cher.
Conor, dont le quotidien à l'école se traduit par les brimades de ses camarades, va également devoir composer avec une grand-mère rigide. Peu à peu il va accepter de rejoindre l'univers du monstre, un monde peuplé de créatures fantastiques duquel il tirera la force et le courage nécessaire à affronter la vérité qui l'attend.

Ce film, réalisé par Juan Antonio Bayona et sorti en France le 4 Janvier 2017, est une adaptation du roman du même nom de Patrick Ness (également scénariste de ce long-métrage).
Se côtoient à l'écran Lewis MacDougall (Conor), Felicity Jones (sa maman) et Sigourney Weaver (la grand-mère). Liam Neeson prête sa voix au Monstre.

Un univers fantastique et esthétique...

Si le monde dans lequel le réalisateur nous plonge vous rappelle celui du Labyrinthe de Pan rien de plus normal puisque la direction artistique a été confiée à Eugenio Caballero qui a oeuvré sur le chef-d'oeuvre de Guillermo Del Toro.
Oscillant entre onirisme et réalité, Quelques minutes après minuit entraîne le spectateur dans une quête esthétique et extraordinaire. Les minutes s'égrennent et s'étirent, ralentissant le cour des choses sans pourtant rendre le film long et ennuyant. La musique signée Fernando Velázquez (à qui l'on doit la BO de Mama et de Crimson Peak) renforce l'ambiance pesante et triste de l'inexorable destin de Conor sans pour autant tomber dans un pathos inutile et larmoyant.


Le "monstre", arbre capable de prendre vie, vient à la rencontre de Conor pour lui conter trois histoires. Peuplées d'une sorcière, d'un étrange apothicaire, de géants et de dragons elles prennent vie dans le film sous la forme de séquences d'animation qui ne sont pas sans rappeller des aquarelles (à titre indicatif le même procédé avait été utilisé pour le Conte des Trois Frères dans "Harry Potter et les Reliques de la mort").
La douceur de leurs couleurs contraste avec le monde réel gris et terne dans lequel évolue Conor. Qu'il soit le fruit de son imagination ou une rencontre bien réelle ce monstre questionne. Pourquoi est-il là ? Vient-il chercher Conor ou est-ce lui qui l'a appellé, est-il malveillant ou protecteur ?


... prétexte à une belle leçon de vie.

Sous couvert d'éléments fantastiques habilement amenés, le film se veut plus profond qu'une simple fable poétique.
Une thématique plus sombre est en effet le fil conducteur de ce récit captivant : l'annonce de la mort prochaine d'une maman, symbole de stabilité, d'amour et repère incontesté d'un jeune garçon en pleine construction identitaire. Sans jamais tomber dans le pathétique à outrance, ce conte dramatique nous livre une belle leçon de vie. 
Au seuil de l'adolescence Conor va, au travers du monstre, s'affirmer face à des camarades de classe peu sympathiques et accompagner sa mère mourante. Il va aussi renouer avec son père et tisser des liens avec une grand-mère qui, au premier abord, semble extrèmement ferme mais qui derrière sa douleur cache un grand coeur.
Ami imaginaire, monstre d'un cauchemar dont on ne sait pas s'il est possible de s'en éveiller, ou miroir de celui que Conor n'ose pas être, l'arbre lui permet d'accepter l'inacceptable, de survivre à sa douleur et d'envisager l'avenir.

Porté par un casting de qualité, Quelques minutes après minuit est un récit émouvant sur l'adolescence et ses tourments, sur l'acceptation et le deuil. 

Lady Fae


5 commentaires:

  1. Tout d'abord, merci pour votre commentaire récent à propos de ce film sur mon blog. J'ai beaucoup aimé ce film également, qui gagnerait à être mieux connu. Il a raflé d'ailleurs plusieurs prix aux Goyas cette année et c'était mérité. Pour ma part, le grand-père décédé plane tout au long du film comme un ombre tutélaire, et je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'il incarnait en quelque sorte "le monstre", pour accompagner son petit garçon sur le chemin difficile de la vie et le préparer au départ de sa mère.

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    1. Théorie intéressante j'avoue que je n'y avais pas songé !
      En effet les prix sont mérités le film est sublime !

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    2. Oui j'y avais pensé aussi au grand père... D'ailleurs tiens je crois que je vais le revoir dès que possible (je dois aimer pleurer faut croire xD xD)

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  2. Je n'en avais pas entendu parler. Merci pour la découverte. L'image que tu as mise de l'arbre me fait penser à Groot (Gardiens de la galaxie), mais le registre a l'ait tout à fait différent !

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    1. Ah oui autant les Gardiens de la Galaxie peut décrocher de beaux fous rires autant j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps devant Quelques minutes après minuit (et ça ne m'était pas arrivé depuis le Roi Lion quand j'avais 9 ans !!!)

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