dimanche 23 février 2014

Interview de Jonathan Degrelle, réalisateur





L'Etrange Librarium : Pouvez vous vous présenter à nos lecteurs ? (parcours, projets antérieurs ou en cours….)

Jonathan Degrelle : Je m'appelle Jonathan Degrelle, j'ai 29 ans. Je suis Nordiste, Lillois plus précisément. J'ai fais mes études à l'université de Valenciennes. Je réalisais parallèlement des petits courts métrages 100% amateur avec mes potes, dans la grange de mes parents, et avec le caméscope familiale. Ces courts métrages m'ont permis d'obtenir des stages en TV, boites de com, et  mes premiers plateaux cinés. Suite à l'obtention de mon diplôme, j'ai réalisé un premier court métrage quelque peu amateur. A ma grande surprise, le film a eu une petite vie en festivals, et a été distribué à 100 000 exemplaires en Chine.
Et pour finir, ce premier court m'a donc ouvert quelques portes et m'a permis d'enchainer quasiment directement sur un nouveau projet: ORPHYR qui est donc mon premier "vrai" court-métrage.  Et là encore, je suis content de voir l’accueil qu'a obtenu le film, ses sélections en festivals, les retours du public, les divers articles et critiques, les magnifiques rencontres que le film m'a apporté mais aussi les quelques portes que le film a pu m'ouvrir.

E.L : Qu'est ce qui est à la base du court-métrage Orphyr  ? (inspiré d'un livre, sorti de votre imagination ?...)

J.D : Orphyr a vu le jour sur une sorte de malentendu. L'association qui produit le film m'a demandé si j’étais intéressé par un stage d'écriture de scénarios. Bien entendu, j'ai sauté sur l'occasion... Mais sans aucun scénario sous le bras, alors que le stage avait lieu dans les quelques jours suivants. Je me suis donc mis à la recherche d'une bonne histoire, dans laquelle je me retrouvé en tant que réalisateur, mais aussi en tant que spectateur. C'était le deal, je voulais que le projet m'emballe, même si ce n'était pas moi qui aurait eu à le réaliser par exemple. L'association de production m'a alors proposé l'adaptation d'un recueil de nouvelles : "Les contes de la Dame Verte", écrit par Jean Le Mauve. En feuilletant le livre, je suis tombé sur l'une des nouvelles "L'âne, la table et la maguette": le sujet de mon stage d'écriture, et  de mon prochain court-métrage était donc tout trouvé. L'univers présenté était enchanteur et magique. Rien qu'à la lecture, des images et des idées d'adaptations du livre me venaient en tête. Sans hésiter, j'ai décidé d'adapter cette nouvelle.

E.L : Quelles sont vos références littéraires et cinématographiques ? Qui sont vos "maitres" en SF ?

J.D : Pour ce film, mes références sont assez nombreuses et très diverses. En littérature, elles vont des frères GRIMM, à Handersen et Victor Hugo, en passant par tous les classiques du conte et du genre.
Niveau cinéma, ils sont tellement nombreux... Christophe Gans et Tim Burton de la bonne époque en tête, mais aussi Spielberg, Guillermo del Toro et son Labyrinthe de Pan, Jackie Chan, les petits gars de chez Pixar, Ang Lee, les films de Disney, Tati, Jacques Demy, Peter Jackson et j'en passe... Je pourrais vous faire une liste d'un millier de réalisateurs. ^^ Dans Orphyr, j'ai essayé de ne pas être noyer par mes influences, mais de les utiliser à bon escients. Je voulais avant tout créer mon univers propre. Créer un monde cohérent, que l'univers ne fassent pas "cheap" et que l'on puisse plonger dedans sans soucis. Les jeux vidéos sont aussi inclus dans ma culture visuel: ICO, Shadow of colossus, où encore la claque vidéo-ludique qu'a été pour moi Shenmue.

E.L : Comment s'organise le travail de réalisation d'un film ? Avant, pendant après le tournage ? 
Comment avez vous choisis l'équipe qui vous entoure (acteurs, l'équipe technique, le choix de la musique ?)
J.D : L'écriture du film a été "relativement rapide" pour le coup, même si tout est relatif. Le stage d'écriture imposant des dead-lines, l'écriture était intense et du tac au tac. Je voulais un scénario simple mais pas simpliste. Pour un premier film, je ne souhaitais pas me confronter à "toute la philosophie du monde" et à un propos purement intellectuel. Ça n'a pas de sens  sur un conte de mon point de vue. Le conte se doit d'être directement accessible, mais avec un vrai message en arrière plan.

Ensuite a suivit les demandes de financements, les recherches de partenaires, les dépôts de dossiers... Pas le moment le plus fun mais une étape obligatoire pour faire le film dans des bonnes conditions. Durant cette période, j'ai aussi réaliser, avec un dessinateur de BD, un story-board complet du film (celui faisait presque 200 pages), pour bosser le visuel de celui-ci et son découpage technique. Le tournage était préparé au maximum. Je savais où j'allais. Bizarrement sur ce premier "gros" projet, je fonçais tête baissée. je n'avais jamais été confronté à un vrai tournage en tant que réalisateur, donc aucune peur ni aucun stress n'avait eu le temps de s'installer.

Une fois les 9 jours de tournage arrivés, tout a roulé comme sur des roulettes. Une météo superbe, des acteurs et des techniciens investit et motivés par le projet. Mon rêve de gosse prenait vie: j’étais réalisateur sur un vrai plateau de cinéma. Et pour le coup, j'ai vraiment retrouvé mes douze ans et les yeux pleins d'étoiles lors de ce tournage: une expérience incroyable. C'est la première fois que j'étais à la tête d'un vrai plateau de cinéma et encore maintenant cela m'a laissé une empreinte au fer rouge, sans rentrer dans une nostalgie où dans les regrets. Mais un souvenir doux et agréable.

Puis ensuite vint la post-prod: celle-ci a durée deux ans. Ça a sans doute été la période la plus difficile sur le film, on peut dire que j'en ai bavé. Nous n'étions que deux sur les effets spéciaux du film: un argentin et moi même. Nous bossions donc à distance, et sur notre temps libre: autant dire que cela n’avancè pas forcément très vite. De plus le premier montage du film ne me convenait pas vraiment, il faisait 26mn, et je le trouvais bien trop long... J'ai donc pris un deuxième monteur en court de route (spécialisé dans la pub) pour m'aider à raccourcir le film. Ensuite l’étalonnage, la composition musicale, et le mixage ont suivis, et paf, comme par magie, deux ans étaient passés sans que je m'en rende vraiment compte.

Pour la distribution et la diffusion, ce n'est pas simple. C'est un vrai travail à part entière. Concrètement je fais tout, tout seul, de chez moi. Je check sur le net festivals et projections, et j'envoie le film là où je pense qu'il peut avoir ses chances. La production associative montre tout de même ses limites: tout faire tout seul, à un certain moment, ça devient vraiment difficil et on ne s'est plu où donner de la tête et du porte feuille. Mais c'est aussi une putain d'école qui forge une vraie expérience.

E.L : Un fois le film achevé : ce que vous avez vu à l'écran est il le rendu de ce que vous imaginiez ?

J.D : De mon point de vue, on ne voit jamais à 100% le film que l'on a en tête à l'écran une fois celui-ci fini. Mais j'ai fait en sorte de m'en approcher au maximum: avec les moyens que j'avais à disposition, et les conditions qui étaient les nôtres. Mais le film est tout de même très proche de ce que j'avais en tête: des personnages singuliers, une lumière magique, un univers, je l'espère féérique. Un court-métrage jeunesse, mais fait pour les petits et grands. J'espère que le film tient la route et que le public peut s'évader le temps des 16mn que dure le court.  Les premières projections m'ont tout de même soulagé sur le fait que l'équipe et moi même, on ne s'était pas littéralement vautré. Même si bien entendu, comme de nombreux premiers films, Orphyr à ses défauts.

E.L : Autre chose à nous faire partager ? remerciements ? liens vers site/blog.... ? Anecdotes de tournage, comment se procurer le film... retour du public ? prix reçu(s) ?

J.D : Tout d'abord, merci pour la place faite à Orphyr sur votre blog. C'est toujours un plaisir de parler d'un projet qui nous est cher. Vous pouvez trouver toutes les infos concernant le film sur le site officiel de celui-ci : www.orphyr-lefilm.com
Le film n'est pas encore disponible sur le web, car il vit encore sa vie en festivals et projections. Il fera notamment partie de la programmation estivale du cinéma solaire: un cinéma itinérant qui projette un peut partout en France des courts métrages jeunesse. Orphyr a obtenu à l'heure actuel, une vingtaine de sélection en festivals.

On dit souvent qu'il ne faut pas tourner avec les enfants et les animaux: eh bien j'ai fait les deux sur Orphyr ! D'ailleurs l'âne nous a donné pas mal de fil à retordre. Il n'en faisait qu'a sa tête, n'obéissait pas, même à son dresseur, bref une vraie calamité.

J'ai deux autres projets en court : une shortcom en cours de production, intitulée "Devil'Slayer", diffusée sur la chaine Nolife, un vendredi sur deux. Tous les épisodes déjà diffusés sont disponibles sur la chaine officielle Youtube de la série : http://www.youtube.com/user/DevilSlayerChannel 
Sur ce projet, nous sommes en équipe réduite, et tous bénévoles. Sortir un épisode tous les 15 jours c'est vraiment du sport. Il faut maintenir l'équipe investie et motivée. Mais personnellement, ça me permet de ne pas perdre la main niveau réalisation en attendant un projet plus "important", même si Devil'Slayer est une série à laquelle je tiens fortement. J'ai connue la chaine Nolife à son commencement, j'étais devant ma TV le premier soir où la chaine à émit, et quand j'ai découvert leurs divers programmes courts, je me suis dit "Putain, mais c'est possible ce genre de série !" Et l'idée de Devil'Slayer est venue. Je me disait, soit cette série sera sur Nolife, soit elle mourra dans un tiroir. Et j'ai eu la chance que la chaine apprécie les deux pilotes et nous donnes carte blanche et diffusion pour l'intégralité de la saison.
Vous pouvez aussi suivre l'actualité de la série sur la page Facebook de celle-ci : https://www.facebook.com/devilslayerofficiel 
15 épisodes sont prévus en tout. Le dernier sera un peut "hors format", car il s'agira sans doute d'un court métrage version cinéma, qui je l'espère, sera aussi poussé qu'Orphyr. Je travail déjà dessus, car je veux vraiment qu'avec cet épisode, la série passe un cap. 
Je développe aussi actuellement un projet de court métrage intitulé "Notre-Dame 1888" : une adaptation steam-punk du célèbre roman de Victor Hugo "Notre-Dame de Paris". On est donc dans un univers beaucoup plus sombre et violent qu'Orphyr, qui lui, était plus orienté jeunesse. Sur Notre-Dame, j'ai écrit en pensant à certains acteurs en particuliers: Manu Lanzi, Dan Bronchinson, Bruno Henry pour ne citer qu'eux. Pour moi c'était clair, soit je bossai avec eux, soit  je ne faisais pas le film. J'ai eu la chance qu'a la lecture du scénario, tous ait accepté leurs rôles et de participer au projet. Le film est donc actuellement à la recherche d'une production solide pouvant porter ce projet sur ses épaules. J'ai déjà réussi à réunir une partie du budget, et de nombreux partenaires, le tout sans productions. J'espère pouvoir mettre la barre plus haute et enfin rentré dans une vraie production cinématographique et ambitieuse avec Notre-Dame 1888, c'est un projet qui me tient énormément à cœur. Je pense tourné courant 2014 une démo qui présenterait les personnages et l'univers du film. Cela permettrait ensuite de démarcher les productions et je l'espère, qu'une de celles-ci ait le coup de cœur pour le projet et me suive dans cette aventure.


Propos recueillis par Lady Fae

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