L'Etrange
Librarium : Bonjour, pouvez-vous vous présenter et nous parler de
votre parcours, présenter votre roman à nos lecteurs (diplôme,
expérience professionnelle, bibliographie ?
Jack Feret : Je
suis né pendant la guerre, le 16 août 1943 à Caen, ville martyre
presque entièrement détruite lors du débarquement allié. Mes
parents ont alors quitté la région et se sont installés à Nantes.
C’est une ville importante pour moi. Détail croustillant :
Mme Cardinal, la « vieille » institutrice en CP, qui m’a
appris à lire et à écrire, a dit un jour à ma mère : "il
a beaucoup d’imagination, vous en ferez un romancier"…
Bien
plus tard, alors que j’étais en "Philo" au lycée à
Angoulême, il y a eu les évènements d’Algérie. Plusieurs de mes
camarades ont été exclus pour leurs sympathies affichées pour
l’OAS (à cette époque, le délit d’opinion existait déjà,
rien n’a changé à ce jour). Les "Philos" ont donc
décidé de créer (il a fallu l’accord de la direction) un journal
permettant à toutes les opinions de s’exprimer librement. J’ai
proposé une nouvelle policière, que j’ai développée par la
suite. A l’âge de 18-19 ans, j’ai donc écrit trois romans :
Meurtre à Ben Bow, Le troisième Témoin est mort, Le Chien. Si les deux premiers étaient publiables, le troisième devait être profondément remanié (normal : j’étais trop
jeune pour parler de la folie, du dédoublement de la personnalité,
de la paranoïa, etc). Mon père m’ayant dit qu’écrivain n’était
pas un métier sérieux, j’ai continué mes études de Russe et de
Serbe (jusqu’à la maîtrise) avant de me lancer dans le commerce…
J’ai fini "banquier" (c’était sérieux). Arrivé à
la retraite, ou bien je retournais en fac pour faire un doctorat en
lettres (j’avais un sujet tout trouvé), ou bien je me remettais à
écrire. J’ai choisi l’écriture.
E.L
: Quelles sont vos sources d’inspiration ? Vos maîtres et
coups de cœur en littérature et coup de cœurs cinématographiques ?
J.F : Tout
vient d’une rencontre extraordinaire. 1953, j’entre au lycée
Clémenceau à Nantes. Notre « prof » de français et de
latin, un grand type sympa, borgne, au teint jaune, s’appelait
Pierre Ayraud, connu sous un autre nom : Thomas Narcejac. De son
livre "Celle qui n’était plus", Clouzot a fait "Les
Diaboliques" (remake US récent avec Stone et Adjani). Comme à
cette époque les élèves avaient des classes attribuées, "papa" Ayraud avait fait installer une grande armoire contenant des livres
des collections fleuve noir et rayon fantastique : de la SF,
encore de la SF, rien que de la SF. Je suis tombé dedans lorsque
j’étais petit au point que mes copains m’avaient appelé "le
martien". Mes coups de cœur ? En littérature :
Asimov, Clarke (en dehors de Dostoïevski, Gogol, Pouchkine,
Tourgueniev, Tolstoï …) et au cinéma : 20 000 lieues sous
les mers, Planète interdite et surtout 2001 Odyssée de l’Espace.
E.L
: Qu’est ce qui vous a amené à écrire ?
J.F : La
retraite d’une part. D’autre part, je suis fasciné par notre
petitesse, notre arrogance face à l’immensité de l’univers, la
vision exclusivement anthropomorphique que nous en avons, enfin le
phénomène de surpopulation que les religions terrestres nous
empêchent de régler. (D. Brown a largement traité ce problème
dans "Inferno"). L’astrophysique moderne est
captivante. Les physiciens théoriques et astrophysiciens font de la
SF sans le savoir. Leurs théories sont époustouflantes et chaque
réponse à une question soulève deux nouvelles questions.
D’ailleurs, dans le tome 4 de ma Saga, l’héroïne est confrontée
aux univers noirs et aux cerveaux de Boltzmann qui, actuellement,
répondent à certains mystères soulevés par la physique quantique.
E.L
: Comment s’organise le travail autour de l’écriture, Avant,
après la publication. Pendant l’écriture, le moment de la journée
où vous écrivez le mieux ? Un rituel autour de l’écriture ?
J.F : C’est
simple. Je muris longuement l’idée. Lorsqu’elle est claire, bien
structurée, j’écris un premier jet manuellement que je passe
ensuite sur word. C’est l’occasion des premières corrections et
de l’allègement du style. Ensuite, ma compagne fait la mise en
forme, corrige, souligne ce qui ne lui plaît pas. On imprime. Enfin,
je corrige une dernière fois (5 pages par 5 pages pour ne pas entrer
dans l’histoire), je tends encore le style. Ensuite, envoi à
l’éditeur.
Lorsque
j’écris le premier jet, c’est en général entre 23h et 2h du
matin ; le casque sur la tête, j’écoute en boucle Loreena
Mac Kennit ( elle me met en transes).
E.L
: Autre chose à nous faire partager ? Vous avez carte blanche !
( un mot sur la maison d’édition, retour que vous avez eu des
lecteurs, ce qui vous plait en SF ? Ce que vous souhaitez
transmettre en écrivant ? Récompenses ou prix reçus pour
votre livre ? Invitation à visiter votre blog, votre page
facebook, vos futurs projets…
J.F : Ma
compagne d’abord qui lit énormément (la nuit dernière, un livre
et demi) et qui est devenue lectrice et correctrice chez l’éditeur.
Son avis vaut de l’or.
Ensuite,
Becherel et Grévisse, deux monuments de la grammaire française (la
seule langue à avoir une grammaire de 1600 pages –cf. Le Bon Usage
de Grévisse que tout agrégé de grammaire doit savoir par cœur).
Enfin,
Annaeditions, un éditeur régional qui fait ce que les grands
éditeurs parisiens ne font plus : prendre des risques. A votre
avis, pourquoi le policier est aujourd’hui aux mains des
scandinaves et des allemands ? Pourquoi, dans les rayons Fantasy
et SF ne trouve-t-on presque plus de noms français ?
Et
aussi, mes lecteurs : des fanatiques de la SF qui attendent la
sortie du tome 4 de la Saga. Plusieurs ont eu la gentillesse de
m’assimiler à Asimov et à Clarke. Un jour, en dédicace
(heureusement, j’étais assis) l’un d’eux m’a dit qu’il me
préférait à Asimov.
Je
souhaite qu’après avoir lu mes livres, le lecteur soit convaincu
que la SF n’est pas un genre réservé aux seuls enfants, que c’est
un genre littéraire à part entière qui peut être parfaitement
écrit. Et puis, que l’homme comprenne enfin qu’il n’est qu’une
petite chose dans l’univers ! Vanité des vanités, tout n’est
que vanité chez l’Homo Sapiens.
J’ai
une page facebook que je vous invite à suivre et à aimer.
Propos recueillis par Lady Fae
Vous pouvez retrouver la chronique du tome 1 de la Saga de Ôm en cliquant ICI.
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