dimanche 14 septembre 2014

Princesse Gigi, de Sara Beaulieu



Œuvre ambitieuse, le roman de Sara Beaulieu se propose de conjuguer science-fiction et critique de notre propre société à travers la création d’un univers alternatif secoué par de violentes luttes politiques.

La narratrice, Algina du clan Goldoni, est née sur la planète rurale Thalie, au sein de l’Empire Séfalien. Bien qu’apparentée par sa mère au prince héritier de l’empire, Illiph, Gigi est cependant promise à un destin modeste. Esprit libre, attachée à sa terre natale, elle aspire à une vie simple et paisible, bien loin des intrigues courtisanes. Sa sœur, créature docile et dotée d’une beauté plus conventionnelle, fait quant à elle la fierté de ses parents, qui fondent à son égard de grandes ambitions.

Alors que tout semblait conduire Gigi vers un mariage de raison et sa sœur vers un destin impérial, tout va basculer lors d’une visite d’Illiph sur Thalie. L’ancien compagnon de jeu d’enfance de Gigi se montre éperdument épris de cette cousine à la beauté atypique et à l’esprit vif. Gigi ne pourra résister longtemps à cette passion et les jeunes gens, pourtant si différents, s’unissent.

Gigi ne mesure cependant guère les conséquences de son choix, qui fait d’elle la princesse héritière des Sept Galaxies de l’Empire.

La jeune fille, innocente et peu aguerrie aux luttes de pouvoir au sein de la Cour, se trouve malgré elle placée au centre de toutes les attentions, en raison de ses prises de position à la fois courageuses et dangereuses. Impétueuse et déterminée, Gigi s’engage politiquement, au risque d’ébranler l’Empire, mais aussi son couple.

Sara Beaulieu montre, à travers le personnage de Gigi, une société tiraillée entre tradition et modernité, autour de thèmes humanistes tels que la condition des esclaves et l’abolition de l’esclavage. Elle amène, efficacement, le lecteur à s’interroger sur les conséquences concrètes d’un engagement politique obstiné et souvent trop impulsif au sein d’une société peu disposée à ce que l’on malmène ses racines.

Une classe dirigeante intrigante et décadente, campant désespérément sur ses privilèges, résiste à la montée en puissance de réformistes dont les idées semblent devoir, inéluctablement, s’imposer.

Dépassée par les évènements, Gigi s’interroge. A-t-elle fait le bon choix en s’unissant à Illiph ? Pourra-t-elle assumer le destin qui l’attend ? Quelle est la véritable nature des sentiments de son époux ?

L’auteur parvient à susciter l’intérêt du lecteur autour de ces interrogations. Toutefois, plusieurs éléments nuisent à la qualité du roman.

On peut ainsi regretter le manque de nuance des personnages, et tout particulièrement de Gigi. L’héroïne oscille ainsi en permanence entre un optimisme démesuré et un pessimisme/fatalisme des plus profonds, qui finit par lasser le lecteur. Gigi, présentée comme une femme de convictions, à l’esprit fort et rebelle, finit par ressembler à une simple adolescente inconstante et peu réfléchie. Véritable "girouette", elle agace plus qu’elle ne convainc.

Le travail sur les émotions des personnages manque de subtilité et tombe trop souvent dans des clichés faciles.

Certaines scènes sont d’un goût assez douteux, comme en témoigne la découverte du plaisir charnel par l’héroïne à l’occasion de ce qu’il faut bien appeler un viol ou un rapport forcé à l’initiative de son époux.

L’histoire, plutôt bien ficelée, est cependant un peu trop prévisible, et la fin est tout simplement bâclée.

Par ailleurs, si l’auteur tente de proposer un univers alternatif, dit de science-fiction, les différences avec notre propre univers sont trop peu présentes. Les éléments de SF ne sont apportés que par touches légères, à tel point que l’on finit par oublier que l’histoire se déroule dans un univers extraterrestre.

En outre, si l’auteur possède un style relativement correct, son écriture est émaillée de nombreuses fautes d’orthographe. S’ajoute à cela une absence de maîtrise de la ponctuation. Ces éléments nuisent au plaisir de la lecture, puisque le lecteur est parfois contraint de relire certaines phrases afin d’être certain de leur sens.

Roman malgré tout divertissant, Princesse Gigi intéressera principalement un public adolescent, qui s’identifiera au personnage de Gigi.

Athina

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