Œuvre ambitieuse, le
roman de Sara Beaulieu se propose de conjuguer science-fiction et
critique de notre propre société à travers la création d’un
univers alternatif secoué par de violentes luttes politiques.
La narratrice, Algina du
clan Goldoni, est née sur la planète rurale Thalie, au sein de
l’Empire Séfalien. Bien qu’apparentée par sa mère au prince
héritier de l’empire, Illiph, Gigi est cependant promise à un
destin modeste. Esprit libre, attachée à sa terre natale, elle
aspire à une vie simple et paisible, bien loin des intrigues
courtisanes. Sa sœur, créature docile et dotée d’une beauté
plus conventionnelle, fait quant à elle la fierté de ses parents,
qui fondent à son égard de grandes ambitions.
Alors que tout semblait
conduire Gigi vers un mariage de raison et sa sœur vers un destin
impérial, tout va basculer lors d’une visite d’Illiph sur
Thalie. L’ancien compagnon de jeu d’enfance de Gigi se montre
éperdument épris de cette cousine à la beauté atypique et à
l’esprit vif. Gigi ne pourra résister longtemps à cette passion
et les jeunes gens, pourtant si différents, s’unissent.
Gigi ne mesure cependant
guère les conséquences de son choix, qui fait d’elle la princesse
héritière des Sept Galaxies de l’Empire.
La jeune fille, innocente
et peu aguerrie aux luttes de pouvoir au sein de la Cour, se trouve
malgré elle placée au centre de toutes les attentions, en raison de
ses prises de position à la fois courageuses et dangereuses.
Impétueuse et déterminée, Gigi s’engage politiquement, au risque
d’ébranler l’Empire, mais aussi son couple.
Sara Beaulieu montre, à
travers le personnage de Gigi, une société tiraillée entre
tradition et modernité, autour de thèmes humanistes tels que la
condition des esclaves et l’abolition de l’esclavage. Elle amène,
efficacement, le lecteur à s’interroger sur les conséquences
concrètes d’un engagement politique obstiné et souvent trop
impulsif au sein d’une société peu disposée à ce que l’on
malmène ses racines.
Une classe dirigeante
intrigante et décadente, campant désespérément sur ses
privilèges, résiste à la montée en puissance de réformistes dont
les idées semblent devoir, inéluctablement, s’imposer.
Dépassée par les
évènements, Gigi s’interroge. A-t-elle fait le bon choix en
s’unissant à Illiph ? Pourra-t-elle assumer le destin qui
l’attend ? Quelle est la véritable nature des sentiments de
son époux ?
L’auteur parvient à
susciter l’intérêt du lecteur autour de ces interrogations.
Toutefois, plusieurs éléments nuisent à la qualité du roman.
On peut ainsi regretter
le manque de nuance des personnages, et tout particulièrement de
Gigi. L’héroïne oscille ainsi en permanence entre un optimisme
démesuré et un pessimisme/fatalisme des plus profonds, qui finit
par lasser le lecteur. Gigi, présentée comme une femme de
convictions, à l’esprit fort et rebelle, finit par ressembler à
une simple adolescente inconstante et peu réfléchie. Véritable "girouette", elle agace plus qu’elle ne convainc.
Le travail sur les
émotions des personnages manque de subtilité et tombe trop souvent
dans des clichés faciles.
Certaines scènes sont
d’un goût assez douteux, comme en témoigne la découverte du
plaisir charnel par l’héroïne à l’occasion de ce qu’il faut
bien appeler un viol ou un rapport forcé à l’initiative de son
époux.
L’histoire, plutôt
bien ficelée, est cependant un peu trop prévisible, et la fin est
tout simplement bâclée.
Par ailleurs, si l’auteur
tente de proposer un univers alternatif, dit de science-fiction, les
différences avec notre propre univers sont trop peu présentes. Les
éléments de SF ne sont apportés que par touches légères, à tel
point que l’on finit par oublier que l’histoire se déroule dans
un univers extraterrestre.
En outre, si l’auteur
possède un style relativement correct, son écriture est émaillée
de nombreuses fautes d’orthographe. S’ajoute à cela une absence
de maîtrise de la ponctuation. Ces éléments nuisent au plaisir de
la lecture, puisque le lecteur est parfois contraint de relire
certaines phrases afin d’être certain de leur sens.
Roman malgré tout
divertissant, Princesse Gigi intéressera principalement un public
adolescent, qui s’identifiera au personnage de Gigi.
Athina
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