La France, XXVIè siècle.
Une trentaine de militaires qui ont survécu à l'extermination de la vie humaine et animale par des fanatiques religieux vivent dans des dômes artificiels.
Deux mondes où l'argent n'existe plus, où chacun est égal en droit... Mais où toute liberté a disparu, où les hommes et les femmes vivent séparément et n'ont plus aucun rapport depuis longtemps.
Antaldys, jeune mère porteuse non volontaire, va se rebeller contre le système qui l'oblige à abandonner son fils aux hommes. De son côté, Ethan, jeune homme frustré par une vie ennuyeuse qu'il n'a pas choisie, n'a trouvé d'autre moyen que de devenir père pour échapper à son destin.
Antaldys et Ethan vont braver les interdits, découvrir de monstrueux secrets cachés par leurs dirigeants...
La situation va leur échapper... mais cela en vaut-il peut-être la peine ?
Ce roman signé Anne Feugnet et publié chez Rebelle Editions nous entraîne dans un univers aux allures idylliques. Dans la lignée du Meilleur des Mondes de Aldous Huxley et du Passeur de Loïs Lowry nous voilà donc plongé au coeur de deux dômes que se partagent les survivants (et leurs descendants) d'un attentat. Un virus propagé par des fanatiques a en effet éradiqué toute vie sur Terre.
Seuls survivants "chanceux", un groupe de militaires livrés à eux-même dans un monde post-apocalyptique vont se lancer dans la construction de deux dômes (un pour les femmes, un autre pour les hommes). Ce nouveau mode de vie est censé assurer la paix et la vie de leur descendance pour les siècles à venir en attendant que la Terre soit de nouveau habitable.
Le Meilleur des Mondes ?
Sous la plume d'Anne Feugnet naît un univers qui nous paraît parfait en tout point. Plus de guerre, plus de pauvreté ni de famine, les maladies n'existent plus. On y meurt vieux et heureux... si l'on se contente des apparences !
Le choix des survivants de séparer les hommes des femmes dans deux dômes va irrémédiablement conduire les deux principaux protagonistes à se rebeller. Les mères porteuses donnant naissance à des garçons se les voient enlever pour être confier à leurs pères dans le dôme des hommes. Ces derniers, quant à eux ne connaîtront jamais leurs filles élevées dans le dôme des femmes.
Le jour où Antaldys se met en tête de retrouver son fils tout bascule. Elle réalise que toute liberté leur a été ôté pour satisfaire aux intérêts du groupe.
Les dirigeants des dômes mentent afin de garder le contrôle sur la population. Des loisirs aux emplois tout est déterminé par le Grand Ordinateur. Plus personne n'est maître de son destin dans ce monde futuriste sombre.
On voit transparaître, dans ce récit d'une société policée, la dénonciation d'un univers trop contrôlé que faisait déjà Aldous Huxley dans Le Meilleur des Mondes (paru en 1932) mais aussi plus récemment Loïs Lowry dans Le Passeur (1993).
Un souffle nouveau
Même si l'auteur reprend des thèmes déjà abordés dans de nombreux livres à succès son ouvrage n'en est pas pour autant moins captivant.
La qualité de l'écriture est au rendez-vous, on est loin d'une pâle copie des grands maîtres de la littérature de science-fiction. Le récit se veut original de par sa construction : à noter par exemple que le récit de la catastrophe qui a conduit à la disparition quasi-totale de la vie est fait au travers d'une rédaction que rédige une des protagonistes vivant dans le dôme des femmes.
Certes Anne Feugnet fonde sa dystopie sur l'aspect utopique de la société des dômes, utopie maintes fois vue dans la littérature mais aussi au cinéma (The Island, Equilibrium, THX 1138) : Sentiments refoulés et sexualité inhibée, absence de rébellion et d'injustice, individualisme et liberté réduits à néant sont des thèmes chers à la science-fiction. Cependant l'auteur va plus loin, ajoutant sa touche personnelle dans ses personnages mais aussi dans sa vision de l'après-catastrophe : bien loin de se contenter des frontières des dômes, elles pousse ses protagonistes à s'interroger sur ce qui se passe à l'extérieur et sur la possibilité éventuelle de vivre dehors. Remettre en cause l'ordre établi et cette fausse démocratie voilà le fil rouge de ce roman.
Le livre dans son ensemble nous alerte sur les débordements inhérents au fait de vouloir mettre les individus dans des cases.
Un roman poignant qui convaincra tant ceux qui s'y plongeront pour son aspect dystopique que ceux qui le liront comme une (excellente) oeuvre de science-fiction.
Lady Fae
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