vendredi 20 février 2015

Interview de Pascal Lamour

Crédit photo : L'Etrange Librarium

L'Etrange Librarium : Bonjour, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de L'Etrange Librarium ?

Pascal Lamour : Je m’appelle Pascal Lamour. Musicien, compositeur et producteur de musique (13 albums à ce jour) ; auteur scénariste, je suis né et je vis en Bretagne où j’ai appris le breton, dans ma famille. J’ai étudié la musique traditionnelle au contact des anciens, et la musique classique au conservatoire de Vannes. J’ai suivi des études de Pharmacie à Rennes, et ai exercé de nombreuses années, travaillant notamment sur les médecines traditionnelles par les plantes. Depuis 2000, je ne vis que de la musique et désormais aussi de mes écrits. En parallèle, je poursuis à titre personnel de nombreuses recherches en philosophie et plus particulièrement sur l’ésotérisme et le druidisme.

Il est toujours difficile de parler de soi. Je préfère vous livrer un extrait d’article écrit à mon sujet, qui, je crois, résume bien ma démarche musicale. "Depuis l’album « Shamans of Brittany », Pascal Lamour est connu du Public sous le nom d’Electro-Shaman. Sa musique, empreinte de tradition, de magie autant que de modernisme et de technologie trace le chemin que le musicien suit depuis vingt ans. Multi-instrumentiste, il intègre la musique traditionnelle dans un Sound System parfaitement actuel. Il amène son public dans une transe universelle issue des rythmes rapides et hypnotiques, des danses répétitives qu’il recrée."

E.L : Vous êtes l'auteur de deux très beaux ouvrages, illustré par Bruno Brucero, intitulés "A la recherche de la Mandragore" paru en 2010 et "Druiz" paru en 2014. Comment vous-êtes vous rencontrés et comment l'idée des ces deux livres est-elle née ?

P.L : Un jour, Brucero a assisté à un de mes concerts et s’est intéressé ensuite à mon parcours. Le découvrant, il m’a alors proposé de participer à une planche sur Merlin, en tant que spécialiste des plantes, et finalement l’éditeur nous a proposé un livre nouveau, chez Glénat qui est devenu : "A la recherche de la mandragore". Notre collaboration a fonctionné et nous avons décidé de continuer ce chemin, en recherchant de nouvelles orientations : ce qui a donné le second livre, DRUIZ. Je le remercie au passage.

E.L : Dans l'univers musical Breton, beaucoup vous connaissent sous le nom de L'Electro-Shaman. De la musique à l'écriture des deux ouvrages cités, qu'est ce qui vous a inspiré ?

P.L : Je pense que chaque créateur utilise son univers dans l’ensemble de ses créations. Pour moi, mon inspiration tourne bien sûr autour de la Bretagne, de sa nature et de son symbolisme, mais aussi autour des autres cultures celtiques, tout en m’ouvrant sur le monde. Mon travail sur l’ésotérisme, les plantes, le druidisme ou la musique me sert autant à écrire les textes des livres que les sujets des chansons ; d’où la partie "shaman" de mon surnom. Peut-être pourrait-on considérer un livre comme une grande chanson ! La partie "électro" traduit cette ouverture vers les orientations artistiques contemporaines, dans la musique comme dans l’écriture.
Pour moi, il y a un lien permanent entre les deux, je les mène en parallèle. Ce lien nous a permis d’associer un cd "Le chant de la mandragore" au livre "A la recherche de la mandragore". Le CD permet de comprendre le livre d’une façon différente : la lecture et l’écoute d’un même univers, sans se concurrencer, entraînent le lecteur sur les chemins sonores des chapitres écrits et illustrés.

E.L : Comment s'organise le travail autour de l'écriture d'un tel projet ?

P.L : Travailler à deux sur un projet implique une trame commune, que nous écrivons ensemble dès le départ, afin de travailler dans le même sens. Ensuite chacun développe son univers créatif autour de cette trame, Brucero à son pinceau et moi au clavier de mon ordinateur. Nous mettons trois ans pour finaliser un tel ouvrage : il faut donc imaginer d’emblée une collaboration sur cette durée, se reporter sans arrêt à l’histoire et ne jamais s’en éloigner. Nous nous retrouvons régulièrement pour faire le point.
J’essaye d’écrire tous les jours, mais dans les deux livres, le temps de la recherche a été très important et fort intéressant, tant pour les textes de Bretagne armoricaine que pour les autres textes brittoniques. J’ai dû aussi relire des textes en latin et m’intéresser à de nombreux points d’histoire et d’ésotérisme, ou de médecine traditionnelle. Pour que le lecteur ressente un monde qui l’inspire et le transporte, il faut que nous, les auteurs, fassions d’abord cette démarche personnelle.

E.L : Nos lecteurs sont passionnés par le fantastique et la science-fiction. Dans ces domaines (que ce soit en littérature ou au cinéma) avez-vous eu des coups de cœur ?

P.L : Ce monde du fantastique est tellement vaste et s’exprime sur une période historique tellement longue que faire des choix s’avère impossible. Et il y aurait tellement de coups de cœur !
Si l’on admet que le surnaturel, voire l’étrange (et non le merveilleux) se mêle au cadre réel, alors pour moi le fantastique a commencé par les contes et les chansons familiales, dans un breton chantant et envoûtant, autour de l’âtre flamboyant. Je suis alors allé naturellement vers les textes brittoniques anciens, de poésie galloise ou encore les Mabinogi. Les textes armoricains sont également nombreux et je ne citerai que "La légende de la mort" d’Anatole le Bras ou le "Barzaz breizh" de la Villemarqué.
Quelques auteurs, ceux qui m’ont influencé : Jacques Cazotte, Pétrus Borel, Meyrink, Mérimée, De Nerval, O.Wilde, Poe, Baudelaire… Des auteurs ésotériques : St Yves d’Alveydre, René Guénon, Canseliet ou Fulcanelli. La peinture surréaliste, la musique de Dead Can Danse. Je citerai encore le cas de particulier de Lovecraft, a qui j’ai dédié mon album "Yer’mat".
Finalement si l’on accepte de mêler le fantastique au genre fantasy, où le merveilleux n’est jamais loin… je rajouterais, bien sûr, Tolkien qui est incontournable. Malheureusement depuis la diffusion de ses oeuvres, l’univers celtique, à la base de nombreuses créations est souvent déformé, par manque d’une vraie connaissance de cette culture qui est, il est vrai, très complexe. Les lecteurs ne le perçoivent pas forcément, mais l’univers fantastique anglo-saxon, celui de la littérature et du cinéma, se nourrit souvent de la mythologie, du légendaire et du fantastique celtique. Masqué, parfois transformé, il façonne pourtant l’imaginaire des jeunes générations.

E.L : Autre chose à nous faire partager ? C'est à vous.

P.L : La première chose est de remercier le public, notre éditeur Glénat, et tous ceux qui parlent de notre travail. Dans une vie artistique, rien n’est jamais évident, rien n’est jamais gagné, et il faut savoir être heureux de ce que l’on vit chaque jour, des collaborations et des partages : comme ceux que je vis avec Brucero, ou les musiciens avec qui je travaille depuis si longtemps maintenant.
Mes projets sont vastes, et j’espère avoir assez de temps pour les réaliser !
Projet de disque : Paper Lanterns, qui sort cette année, en collaboration avec Frances May.
Projet de livre : sur la spiritualité du druidisme, cette année ;
Projets de concerts, musiques de films, de conférences : vous trouverez le détail sur mon site www.pascallamour.bzh
Je vous remercie, kenavo. Pascal

Propos recueillis par Lady Fae

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