Crédit photo : L'Etrange Librarium
L'Etrange Librarium : Bonjour, pouvez-vous vous
présenter aux lecteurs de L'Etrange Librarium ?
Pascal Lamour : Je
m’appelle Pascal Lamour. Musicien, compositeur et producteur de
musique (13 albums à ce jour) ; auteur scénariste, je suis né
et je vis en Bretagne où j’ai appris le breton, dans ma famille.
J’ai étudié la musique traditionnelle au contact des anciens, et
la musique classique au conservatoire de Vannes. J’ai suivi des
études de Pharmacie à Rennes, et ai exercé de nombreuses années,
travaillant notamment sur les médecines traditionnelles par les
plantes. Depuis 2000, je ne vis que de la musique et désormais aussi
de mes écrits. En parallèle, je poursuis à titre personnel de
nombreuses recherches en philosophie et plus particulièrement sur
l’ésotérisme et le druidisme.
Il
est toujours difficile de parler de soi. Je préfère vous livrer un
extrait d’article écrit à mon sujet, qui, je crois, résume bien
ma démarche musicale. "Depuis
l’album « Shamans of Brittany », Pascal Lamour est
connu du Public sous le nom d’Electro-Shaman. Sa musique, empreinte
de tradition, de magie autant que de modernisme et de technologie
trace le chemin que le musicien suit depuis vingt ans.
Multi-instrumentiste, il intègre la musique traditionnelle dans un
Sound System parfaitement actuel. Il amène son public dans une
transe universelle issue des rythmes rapides et hypnotiques, des
danses répétitives qu’il recrée."
E.L : Vous êtes l'auteur de deux très
beaux ouvrages, illustré par Bruno Brucero, intitulés "A la
recherche de la Mandragore" paru en 2010 et "Druiz"
paru en 2014. Comment vous-êtes vous rencontrés et comment l'idée
des ces deux livres est-elle née ?
P.L : Un
jour, Brucero a assisté à un de mes concerts et s’est intéressé
ensuite à mon parcours. Le découvrant, il m’a alors proposé de
participer à une planche sur Merlin, en tant que spécialiste des
plantes, et finalement l’éditeur nous a proposé un livre nouveau,
chez Glénat qui est devenu : "A la recherche de la mandragore". Notre collaboration a fonctionné et nous avons
décidé de continuer ce chemin, en recherchant de nouvelles
orientations : ce qui a donné le second livre, DRUIZ. Je le
remercie au passage.
E.L : Dans l'univers musical Breton,
beaucoup vous connaissent sous le nom de L'Electro-Shaman. De la
musique à l'écriture des deux ouvrages cités, qu'est ce qui vous a
inspiré ?
P.L : Je
pense que chaque créateur utilise son univers dans l’ensemble de
ses créations. Pour moi, mon inspiration tourne bien sûr autour de
la Bretagne, de sa nature et de son symbolisme, mais aussi autour des
autres cultures celtiques, tout en m’ouvrant sur le monde. Mon
travail sur l’ésotérisme, les plantes, le druidisme ou la musique
me sert autant à écrire les textes des livres que les sujets des
chansons ; d’où la partie "shaman" de mon
surnom. Peut-être pourrait-on considérer un livre comme une grande
chanson ! La partie "électro" traduit cette
ouverture vers les orientations artistiques contemporaines, dans la
musique comme dans l’écriture.
Pour
moi, il y a un lien permanent entre les deux, je les mène en
parallèle. Ce lien nous a permis d’associer un cd "Le chant
de la mandragore" au livre "A la recherche de la
mandragore". Le CD permet de comprendre le livre d’une façon
différente : la lecture et l’écoute d’un même univers,
sans se concurrencer, entraînent le lecteur sur les chemins sonores
des chapitres écrits et illustrés.
E.L : Comment s'organise le travail
autour de l'écriture d'un tel projet ?
P.L : Travailler
à deux sur un projet implique une trame commune, que nous écrivons
ensemble dès le départ, afin de travailler dans le même sens.
Ensuite chacun développe son univers créatif autour de cette trame,
Brucero à son pinceau et moi au clavier de mon ordinateur. Nous
mettons trois ans pour finaliser un tel ouvrage : il faut donc
imaginer d’emblée une collaboration sur cette durée, se reporter
sans arrêt à l’histoire et ne jamais s’en éloigner. Nous nous
retrouvons régulièrement pour faire le point.
J’essaye
d’écrire tous les jours, mais dans les deux livres, le temps de la
recherche a été très important et fort intéressant, tant pour les
textes de Bretagne armoricaine que pour les autres textes
brittoniques. J’ai dû aussi relire des textes en latin et
m’intéresser à de nombreux points d’histoire et d’ésotérisme,
ou de médecine traditionnelle. Pour que le lecteur ressente un monde
qui l’inspire et le transporte, il faut que nous, les auteurs,
fassions d’abord cette démarche personnelle.
E.L : Nos lecteurs sont passionnés
par le fantastique et la science-fiction. Dans ces domaines (que ce
soit en littérature ou au cinéma) avez-vous eu des coups de cœur ?
P.L : Ce
monde du fantastique est tellement vaste et s’exprime sur une
période historique tellement longue que faire des choix s’avère
impossible. Et il y aurait tellement de coups de cœur !
Si
l’on admet que le surnaturel, voire l’étrange (et non le
merveilleux) se mêle au cadre réel, alors pour moi le fantastique a
commencé par les contes et les chansons familiales, dans un breton
chantant et envoûtant, autour de l’âtre flamboyant. Je suis alors
allé naturellement vers les textes brittoniques anciens, de poésie
galloise ou encore les Mabinogi. Les textes armoricains sont
également nombreux et je ne citerai que "La légende de
la mort" d’Anatole le Bras ou le "Barzaz breizh" de la Villemarqué.
Quelques
auteurs, ceux qui m’ont influencé : Jacques Cazotte, Pétrus
Borel, Meyrink, Mérimée, De Nerval, O.Wilde, Poe, Baudelaire… Des
auteurs ésotériques : St Yves d’Alveydre, René Guénon,
Canseliet ou Fulcanelli. La peinture surréaliste, la musique de Dead
Can Danse. Je citerai encore le cas de particulier de Lovecraft, a
qui j’ai dédié mon album "Yer’mat".
Finalement
si l’on accepte de mêler le fantastique au genre fantasy, où le
merveilleux n’est jamais loin… je rajouterais, bien sûr, Tolkien
qui est incontournable. Malheureusement depuis la diffusion de ses
oeuvres, l’univers celtique, à la base de nombreuses créations
est souvent déformé, par manque d’une vraie connaissance de cette
culture qui est, il est vrai, très complexe. Les lecteurs ne le
perçoivent pas forcément, mais l’univers fantastique anglo-saxon,
celui de la littérature et du cinéma, se nourrit souvent de la
mythologie, du légendaire et du fantastique celtique. Masqué,
parfois transformé, il façonne pourtant l’imaginaire des jeunes
générations.
E.L : Autre chose à nous faire
partager ? C'est à vous.
P.L : La
première chose est de remercier le public, notre éditeur Glénat,
et tous ceux qui parlent de notre travail. Dans une vie artistique,
rien n’est jamais évident, rien n’est jamais gagné, et il faut
savoir être heureux de ce que l’on vit chaque jour, des
collaborations et des partages : comme ceux que je vis avec
Brucero, ou les musiciens avec qui je travaille depuis si longtemps
maintenant.
Mes
projets sont vastes, et j’espère avoir assez de temps pour les
réaliser !
Projet
de disque : Paper Lanterns, qui sort cette année, en
collaboration avec Frances May.
Projet
de livre : sur la spiritualité du druidisme, cette année ;
Projets
de concerts, musiques de films, de conférences : vous trouverez
le détail sur mon site www.pascallamour.bzh
Je
vous remercie, kenavo. Pascal
Propos recueillis par Lady Fae
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