mardi 18 avril 2017

Interview de Léa Mazé et Jérémy Semet


L'Étrange Librarium : Bonjour, pouvez-vous vous présenter et parler de votre parcours, présenter votre ouvrage "La Porte des Pluies" à nos lecteurs ?

Jérémy Semet : Bonjour. Je m’appelle Jérémy Semet, je suis le papa de deux petites filles et j’écris pour la jeunesse. C’est important de mettre "papa"  avant "auteur", car si je n’avais pas eu d’enfants, je pense que je n’aurais pas éprouvé le besoin d’écrire pour la jeunesse. Devenir papa a été l’élément déclencheur.
J’ai toujours eu beaucoup d’imagination. Au grand désespoir de mes parents et de mes professeurs qui se sont toujours inquiétés de savoir ce que j’allais pouvoir faire et devenir une fois devenu grand. Gamin, je ressentais le besoin d’inventer, de créer des choses que j’étais le seul à voir. Tout petit, j’étais fasciné par les robots et les voyages dans l’espace. C’est mon papa qui m’a transmis son amour pour la science-fiction. Durant mes années lycée, je me suis mis à écrire des nouvelles. Après mes études, j’ai travaillé comme bibliothécaire durant près de deux ans avant d’embrasser la carrière d’ambulancier durant six ans. Tout ce temps, les livres n’étaient pas loin. Je lisais en permanence, j’avais soif de lecture et d’apprendre surtout. Car l’apprentissage d’un auteur passe par l’écriture ET la lecture.
Et puis, je suis devenu papa. En rentrant de l’école, la plus grande de mes filles venait me voir dans mon bureau et me demandait ce que je faisais. Ne pouvant pas lui expliquer l’histoire que j’écrivais, trop complexe pour elle, je lui ai promis de lui écrire une histoire pour le coucher si elle me laissait travailler encore un peu. Le soir venu, je lui ai lu l’histoire que je lui avais écrite – et qui allait devenir mon tout premier album jeunesse « Dans mon imagination » publié chez Nats Editions –, et ça lui a beaucoup plus. C’est comme ça que j’ai attrapé le virus de la littérature jeunesse.
D’autres livres ont suivis comme « Monsieur Sockette », paru également chez Nats Editions ; "Le dompteur a la trouillourse" chez MK67 qui était à la base un kamishibaï et qui est devenu un livre l’année suivante, puis « Mon papa le matin » sorti tout récemment ; "Fred et le Gloutru" édité chez La poule qui pond, une pétillante maison d’édition auvergnate qui publie ses ouvrages en utilisant le crowdfunding.
Et est enfin arrivé "La porte des pluies", l’histoire la plus personnelle que j’ai écrite. Mais je pense que je développerai cette partie un peu plus loin dans l’interview.

Léa Mazé : Bonjour, je suis Léa Mazé. J’ai 26 ans et je suis autrice et illustratrice depuis environ 4 ans. J’écris et je dessine en général de la bande dessinée, "La Porte des Pluies" est ma première expérience en album jeunesse.
Je suis originaire du Finistère, en Bretagne. Plus précisément de la Presqu’ïle de Crozon, un endroit fantastique auquel je suis très attachée. J’ai donc grandi près de la mer, des falaises, de la campagne… de la nature, en somme. Tout ça a beaucoup nourri mon imaginaire et mon "univers" : je ne peux pas m’empêcher de dessiner de la verdure partout !
Pour ce qui est de mon parcours, l’écriture et le dessin ont toujours été très présents dans ma vie, mais j’y reviendrai un peu plus tard. Après un Bac littéraire, je me suis orientée vers des études graphiques, en faisant une Mise À Niveau d’Arts appliqués à Brest. Ensuite, j’ai fait deux ans de Cinéma d’animation, à l’école Estienne à Paris. Cette formation m’a beaucoup appris, mais il y avait un truc qui clochait : pas assez de dessin, ou pas assez passionnée peut-être… C’est par un coup de chance monumental que j’ai appris l’ouverture d’une nouvelle formation de Bande Dessinée à l’école Auguste Renoir à Paris. Dès les premiers jours de cours, ça a été l’évidence : il fallait que je fasse de la Bande dessinée dans ma vie !
J’ai donc poursuivi par un diplôme d’illustration dans la même école. "Nora", ma première bande dessinée, publiée aux éditions de la Gouttière  en 2015, était d’ailleurs l’un de mes projets de diplôme ! Ma sortie de l’école s’est donc bien goupillée, ça m’a permis de me lancer assez rapidement et de faire de l’illustration mon activité principale.
Parallèlement à la BD, je prête mon dessin à plusieurs types de supports. J’aime aussi beaucoup bricoler des bijoux, des sérigraphies, des petits bouquins fait mains…
C’est il y a un peu plus d’un an que Jérémy m’a proposé d’illustrer  "La Porte des Pluies", qui est donc mon deuxième livre. C’était une magnifique expérience que je détaillerai plus tard !
Et puis pour le futur, Il y a plusieurs autres sorties sur le feu, notamment une trilogie polar jeunesse chez la Gouttière et une épopée fantastique jeunesse chez Dargaud avec Ingrid Chabbert… Mais chaque chose en son temps !

E.L : Tout d'abord, qu'est-ce qui vous a amené à écrire/dessiner ?

J.S : Ce qui m’a amené à écrire ? Plusieurs choses en fait. Avec le recul, je pense que c’est lié à une certaine incompréhension du monde qui m’entourait, une espèce de frustration qui montait lentement après avoir vécu un évènement spécial ou d’avoir surpris une conversation qui aurait dû échapper à mes oreilles.
Et puis, j’ai eu un prof de littérature en Seconde, Monsieur Gallot, qui en préambule de l’un de ses cours nous avait dit un jour que l’on était tous des écrivains en herbe, que nous possédions tous cette capacité d’écrire quelque chose, qu’il suffisait simplement de le dire de la manière la plus personnelle et la plus originale qui soit. Mais SURTOUT : qu’un auteur "passe" un message dans ce qu’il écrit. L’histoire ne fait pas tout. Il faut également lire entre les lignes, car il y a TOUJOURS une histoire dissimulée sous la première.
A cette époque j’étais très mal dans ma peau, comme pas mal de mes camarades de classe, mais j’avais l’impression d’en baver plus que les autres et je voulais parler de ce qui me préoccupait, de ce qui me rongeait.
Il ne m’en fallut pas davantage pour mettre mon imagination en ébullition et que je me jette sur mon ordinateur aussitôt la journée de cours terminée. C’est d’ailleurs à ce prof que j’ai fait lire mon tout premier texte – un melting-pot des livres que je lisais et des films que je regardais à cette époque – qu’il a très gentiment corrigé et annoté en me disant de poursuivre l’écriture du récit, car il voulait en connaître la fin.
J’ai alors passé pas mal de temps à écrire de la science-fiction et du fantastique, comme si le fait de voir mes problèmes ou de déplacer mes préoccupations dans un autre cadre que celui du réel me permettait de dire ce que j’avais envie de dire, que je mettais la distance nécessaire pour en parler.
Et puis, je suis devenu papa et TOUT a changé. Mes filles étaient là : je devais les aiguiller de la meilleure manière possible dans la vie. Et quoi de mieux qu’une bonne histoire pour faire passer mon message.
Désormais, j’écris aussi bien des nouvelles que des histoires pour les enfants. Je jongle entre ces deux mondes.

L.M : Pour ma part, l’écriture et le dessin ne sont pas "venus", ils ne m’ont jamais quittée. Comme la plupart des enfants, je dessinais et j’inventais des histoires en jouant. Et je ne me suis tout simplement jamais arrêtée, car c’est rapidement devenu une passion.
Cette passion a notamment pu se développer grâce à ma famille. Je suis la dernière d’une grande fratrie. Mes frères, sœurs et parents sont tous sensibles au dessin, aux arts manuels, à la musique, à la littératures… Je me suis donc retrouvée avec plein de profs de dessin et d’expression artistique à portée de main ! Vers 9 ou 10 ans, j’ai compris que la BD me permettait d’inventer des histoires ET de dessiner en même temps. Comme l’a déjà souligné Jérémy, j’ai appris beaucoup en lisant (et en recopiant des Gaston Lagaffe), puis j’inventais mes propres histoires…
Le véritable déclic a été vers 15 ans. Un jour à la bibliothèque, j’ai emprunté « le Combat Ordinaire » de Manu Larcenet. Je me suis prise une gifle monumentale ! J’ai découvert que la BD n’était pas forcément du divertissement ou de l’aventure, mais pouvait aussi raconter le quotidien, les sentiments, l’humain…  Ça a résonné en moi comme jamais : la BD, et le dessin plus généralement, sont devenu un véritable moyen d’expression de mes émotions.
À partir de ce moment-là, le fait d’écrire et de dessiner professionnellement est devenu un rêve. J’ai beaucoup travaillé dans ce sens, en autodidacte puis par mes études, en bénéficiant d’un soutient sans faille de ma famille. Le jour de la sortie de "Nora", c’était une sorte d’accomplissement, un rêve de gosse qui se réalisait. Aujourd’hui, le rêve continue et j’espère qu’il durera longtemps !

E.L : "La porte des Pluies"  est un bel ouvrage pour expliquer la mort aux plus jeunes tout en ouvrant les portes d'un univers fantastique. Comment est née l'idée de vouloir faire cohabiter un évènement douloureux avec un monde plus onirique ? Dans quel but ?

J.S : Comme pour la plupart de mes précédents livres jeunesse, s’est venu d’une discussion avec mes filles. Pour "Fred et le Gloutru", j’avais vu la pagaille dans leur chambre et je leur avais promis que le Gloutru viendrait manger leurs jouets s’ils ne le faisaient pas.
Pour "La porte des pluies", la plus grande de mes filles m’a demandé si je serai toujours avec elle. J’ai bien tenté de lui expliquer qu’une fois devenue grande, elle ferait sa vie, qu’elle serait peut-être elle-même maman, qu’elle aurait sa propre maison, et qu’un jour je lui lâcherais la main… mais j’ai vu que cette réponse ne lui convenait pas. Alors je me suis demandé comment lui répondre de la manière la plus limpide qui soit, en prenant des exemples qu’elle comprendrait.
En même temps, c’était une manière d’aborder le sujet de l’ "après", car en tant qu’artiste, nous avons tous une vision de ce "quelque part". Je partage celle de Kitty Crowther qui pense qu’au moment de partir, tous les personnages qu’elle aura inventés viendront l’accueillir. Je trouve cette vision très belle et très poétique.
Assez naïvement, j’aimerais pouvoir vivre à jamais dans le monde de papier que je me serai bâti, livres après livres, dans cet espace magique qui lie mes histoires les unes aux autres.
Dans "La porte", la petite Lily voyage dans un univers créé par son papa. C’est là qu’elle le retrouve. Métaphoriquement. Mais je trouve cette vision très juste. C’est pour cette raison que j’ai dédié ce livre à mes deux filles, pour qu’elles m’y retrouvent si jamais nos chemins venaient à se séparer. Leur papa serait toujours vivant là-bas.
L’écriture a ce pouvoir-là. Il transcende l’espace et le temps. L’amour également.

L.M : Jérémy a tout dit, je pense.
J’ajouterai simplement mon ressenti par rapport au texte de Jérémy.
Je suis, d’une manière générale, assez tourmentée par l’idée de la mort, de l’ "après". Ces thèmes se retrouvent dans quasiment toutes les histoires que j’imagine.
À travers ce texte, Jérémy a trouvé un équilibre parfait pour les aborder. D’un côté, l’histoire est sans concession : pas de "happy end", pas de minimisation de l’événement… Mais d’un autre côté, elle est baignée d’une lumière et d’une joie folles ! Les personnages sont pétillants, drôles et touchants.
Depuis la sortie du livre, j’ai eu l’occasion d’en discuter avec des lecteurs (j’ai été d’ailleurs heureuse de leurs très bons retours !). Cependant, lorsque j’explique l’histoire à ceux qui ne l’ont pas lu, certains disent : "Ça parle de la mort, donc c’est triste".
Je pense qu’il est important de préciser que ce n’est pas parce qu’un ouvrage traite de sujets douloureux qu’il est nécessairement « triste ». C’est justement la force de "La Porte des Pluies", et de milliers d’autres ouvrages jeunesse sur ce genre de thèmes, qui ne sont pas "tristes" pour un sou !
Il ne faut pas confondre "triste" et "émouvant". Et les enfants ont le droit d’être émus.

E.L : Comment s'est organisé le travail d'écriture/de dessin à 4 mains ?

J.S : Avant de parler de l’organisation du travail, je pense qu’il faut avant tout parler de notre "rencontre" à Léa et moi. Cela s’est fait par l’intermédiaire d’un livre. Une bande-dessinée en fait. Celle qu’à écrite Léa, "Nora". A l’époque, je travaillais encore dans une médiathèque et "Nora" concourrait pour le Concours Mosel’lire 2016. J’ai pu lire l’ensemble de la sélection et je suis tombé sur cette BD à la couverture un peu sombre, mais très épurée. J’ai tout de suite su que ce bouquin allait me parler. Après l’avoir lu, je suis resté couac. Cette sensibilité dans le graphisme et la thématique de la disparition m’ont tout de suite séduit.
J’avais un texte dans mes tiroirs qui possédait cette même aura. Avant qu’il ne parle de porte et de pluies, il s’appelait "Quelque part" et n’avait plu à aucune maison d’édition. J’avais fait quelques essais avec différents illustrateurs, mais ça n’avait pas vraiment matché (même si ces artistes étaient très talentueux). Et je me suis dit que je ne perdrais rien à contacter Léa. Il y a des moments parfois où on a ce culot fou, cette espérance dingue qui vous pousse à agir sans que l’on sache vraiment pourquoi.
Léa a gentiment accepté de lire mon texte et m’a répondu assez rapidement qu’elle serait ravie de l’illustrer. J’étais enchanté !
Dans le même temps, le texte était arrivé sur le bureau de Caroline Triaureau, l’éditrice de "La marmite à mots", et lui avait beaucoup plu. Après quelques échanges de mails, le contrat était signé et l’aventure de "La porte des pluies" – qui venait de trouver son titre – pouvait débuter.
Concernant notre collaboration avec Léa, cela s’est remarquablement bien passé. Elle m’envoyait régulièrement des croquis pour me montrer les différents personnages (qui m’ont très rapidement plus, tout comme à Caroline), puis des illustrations couleurs que je recevais et détaillais avec grand plaisir. Il y avait dans ses dessins tout un monde à explorer. Il n’y avait pas que Lily, les trolls ou Blackie, le chat, mais tout un bestiaire disséminé dans les illustrations que j’adorais dénicher, un peu comme dans les livres "Où est Charlie ?"
Ce fut donc un véritable plaisir de travailler avec Léa et je le dis très honnêtement. Nous aimerions retravailler ensemble, mais comme tous les artistes de talent, Léa est assez booké. Je vais donc devoir patienter. Mais qui sait ? Si le destin s’en mêle.

L.M : Merci Jérémy !
En effet, lorsque j’ai lu le texte, ça a été un véritable coup de cœur. Comme je le disais plus haut, je l’ai trouvé d’une grande justesse et d’une immense poésie. Il était tout à fait dans le prolongement de ce que j’avais exploré dans "Nora", que ce soit sur les thèmes ou sur l’univers…
L’aventure a donc commencé !
J’ai proposé les "brouillons" des illustrations. Ce n’était pas forcément évident pour moi, car comme vous l’avez compris, je suis beaucoup plus habituée à faire de la bande dessinée. L’illustration est un autre langage : je devais apprendre à bien choisir les images, les composer différemment, de pas "trop" en mettre, accepter de ne pas tout illustrer, laisser le texte prendre une partie de l’information… Mais j’ai fini pas y arriver (enfin, j’espère !).
Lorsque j’avais fait les tests graphiques, j’étais partie sur un dessin au crayon noir et une couleur numérique. Mais un peu plus tard, lors qu’un rendez-vous avec Caroline (l’éditrice), elle m’a confié avoir flashé sur des dessins que j’avais posté sur mon blog. Il s’agissait de petits dessins épurés, à l’encre et au crayon de couleur. Nous avons donc convenu d’adopter un style similaire lorsque Lily ouvre la Porte des Pluies, et se balade "Quelque Part".
Ça a été une expérience déterminante pour mon dessin. Jusqu’ici j’avais toujours eu peur de faire de la couleur, et encore plus de la couleur traditionnelle ! Je ne me sentais pas assez compétente pour ça. Le fait d’être encouragée par Caroline m’a permis de dépasser cette appréhension, et j’ai découvert que je prenais un plaisir fou à être uniquement sur papier. Je me suis beaucoup amusée avec mes crayons et mes encres, c’était un véritable bonheur ! Ça m’a aussi appris énormément, et m’a donné envie de poursuivre la couleur traditionnelle. D’ailleurs, l’un de mes projets BD à venir sera réalisé exclusivement au crayon et à l’encre.

E.L : Nos lecteurs-trices sont, comme nous, passionné(e)s de science-fiction et d'univers fantastiques. Quels sont vos coups de cœurs littéraires (BD/roman/nouvelle...) et cinématographiques (films/séries TV...) en SFFF ?

J.S : Mon dernier coup de cœur ciné fut "Interstellar". Même s’il a été beaucoup critiqué, cette histoire de papa astronaute qui traverse un trou noir pour sauver ses enfants m’a immédiatement parlé. J’étais à ce point dans le film, que pendant la projection, je recevais des textos de mon épouse et que j’avais le sentiment qu’ils m’arrivaient avec des années de décalage. Le vertige interstellaire quoi !
Le dernier bouquin que j’ai reposé en étant absolument secoué ? J’hésite un peu. Comme je peux répondre ce que je veux, je vais en choisir deux. Le premier est "Cartographie des nuages" de David Mitchell. Bien sûr, il y a eu un film ensuite, mais le livre m’a proprement retourné. Cette odyssée sur plusieurs siècles, comme le chant d’âmes en migration. Une claque littéraire.
Et puis l’autre livre que j’ai adoré : "L’océan au bout du chemin" de Neil Gaiman. Déjà parce que Gaiman fait parti de mes auteurs préférés, mais aussi parce que cette histoire me "parlait". Ce gosse de 7 ans qui vit dans ce village anglais et qui, après le suicide d’un homme dans la Mini de ses parents, voit surgir une entité maléfique endormie depuis des siècles qu’il va combattre avec son amie d’enfance. J’avais le sentiment de me replonger dans ma propre enfance. Dans ce monde bizarre où tout était dangereux, interdits où on se faisait très mal si on ne faisait pas gaffe et où nos parents ne nous croyaient jamais.
C’est ce dont je parlais tout à l’heure. Du pouvoir des livres. J’en parle, car je l’ai ressenti moi-même. Je l’ai vu à l’œuvre. Ils recèlent une magie à la puissance insoupçonnée. En grandissant, il arrive que l’on perde de vue la magie qui irradie de notre monde. Je fais tout mon possible pour la garder dans mon champ de vision.

L.M : Houlàlà, je suis beaucoup mois calée que vous sur les œuvres SFFF ! Comme je l’ai évoqué plus haut, je suis très branchée "fictions du quotidien", donc ma culture dans les genres SF et fantastique laisse clairement à désirer. Mais je vais quand même essayer d’y répondre…
Pour ce qui est des romans, j’aime les écouter, soit en livres audio soit en fictions sonores, en même temps que je dessine. J’en profite notamment pour me mettre à niveau sur « les classiques ». J’ai donc dernièrement pris beaucoup de plaisir à écouter une partie de l’œuvre de Lovecraft, avec mention spéciale pour "Le montre sur le seuil" qui m’a glacé le sang (la voix du narrateur n’y était pas pour rien !).
En BD, je recommanderai évidemment l’immense saga "Donjon" ! Même s’il y a des albums mieux que d’autres, c’est drôle et très bien fichu en terme de narration et de scénario (qui se déroule sur plusieurs époques). J’ai aussi adoré la trilogie "Capucin" de Florence Dupré-Latour, une épopée chevaleresque fantastique complètement folle et décalée !
Et puis, au cinéma, le dernier coup de cœur a été le film d’animation "Kubo", des studios Laika. D’une manière générale je suis fan de leurs univers et fascinée par l’animation en stop motion (ceux que je préfère sont "Coraline" et "ParaNorman", que je peux regarder en boucle). Ils trouvent chaque fois un très bon équilibre entre le fantastique, le réel, des thématiques fortes, parfois douloureuses, un humour décapant et parfois grinçant… et puis tout ça dans une poésie immense. Et graphiquement… pfiou, c’est magnifique.

E.L : Autre chose à nous faire partager ? Vous avez carte blanche ! (lien vers votre site, page facebook, remerciements, accueil de votre ouvrage par les lecteurs, futurs projets...)

J.S : J’ai longtemps eu peur de me faire confiance, de croire tout simplement. On m’a de nombreuses fois affirmé qu’auteur n’était pas un métier, que je devais arrêter de rêver, etc. Mais j’ai persévéré. J’ai écouté cette petite voix qui me disait d’aller de l’avant, de continuer, de foncer dans la tempête au lieu de l’éviter. Et ça a fini par payer !
Désormais je n’écoute que ma propre voix. Je me fais davantage confiance. Notre société essaie de nous écarter de nous-même, de celles et ceux que nous sommes vraiment. Donc comme j’ai carte blanche, c’est le message que j’aimerais délivrer : réalisez-vous ! Devenez qui vous voulez ! VOUS pouvez le faire. VOUS en êtes capable. CROYEZ !

L.M : Je rejoins en effet Jérémy ! Ça vaut vraiment le coup de s’accrocher et de persévérer.
J’aurai envie d’ajouter qu’il faut à tout prix continuer à inventer des histoires, coûte que coûte, parce que c’est d’utilité publique !
Avant de publier, j’écrivais et dessinais par passion personnelle. Depuis la sortie de "Nora" il y a deux ans, j’ai rencontré beaucoup de lecteurs, et notamment de nombreux enfants dans des écoles, pour des ateliers, etc… Au début, j’ai été très secouée, car je ne m’attendais pas à ce que les lecteurs puissent être aussi touchés par "ma petite histoire de rien du tout". Alors j’ai pris conscience de ce que voulait dire « raconter des histoires » : c’est faire rêver, faire s’évader, faire réfléchir, faire s’émouvoir. Apprendre sur les autres, sur soi, sur le monde, sur la vie. Et partager tout ça.
Aujourd’hui, pour moi, c’est tout ce qui compte.
Et puis, enfin, un grand merci à vous pour l’article sur "La Porte des Pluies" et pour cette interview, j’ai été ravie d’y répondre !

Propos recueillis par Lady Fae

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