samedi 3 novembre 2018

Videodrome, de David Cronenberg


La sélection Cinéma rétrospective des Utopiales 2018 nous a permis de revoir l'un des premiers long métrage de David Cronenberg : Videodrome, au travers de la lorgnette thématique de ce festival "Le corps dans tous ses états".

Le patron d'une petite chaîne érotique sur le câble capte par hasard un mystérieux programme-pirate dénommé Videodrome, qui met en scène tortures et sévices sexuels. Son visionnage provoque peu à peu des hallucinations et autres altérations physiques. La frontière entre réalité et univers télévisuel devient bien mince, et la folie guette...

Loin d'avoir veilli, le film reste très d'actualité. Il prend même aujourd'hui un terrifiant nouveau sens, après avoir prophétisé dans les années 90 l'essor de la télévision devenue parole d'évangile... ou de damnation. Le film nous renvoie à notre société consumériste, droguée aux écrans de toutes sortes et ultra connectée, assaillie d'images toujours plus fortes.

A l'image des Snuff movies (films de meurtres et de tortures réelles vendus sur le marché noir) que recherche le dirigeant d'une petite chaîne en manque de sensation, notre société repousse jour après jour les limites de torérance qu'elle se donne : dans l'étalage et l'exhibition du corps humain, la démonstration de la violence gratuite, les pornographies les plus extrèmes et même de son débordement dans le cinéma d'horreur, sous forme de torture Porn (The Saw, Hostel...)...
Tout ce déversement banalise cette violence et blase le télespectateur qui, comme le (anti)héros de Videodrome, cherche toujours à aller plus loin en quête de sensations nouvelles.

Videodrome met en lumière un travers existentiel de notre société, ses mauvais penchants primitifs au travers d'une fable hallucinée où l'homme, comme dans beaucoup de films de ce réalisateur, se retrouve interconnecté à la machine.... pour le meilleur et surtout pour le pire. Un individu nouveau emmerge, tel un messie cathodique, issu de la fusion et de son addiction aux écrans TV, transcendant sa nature et son enveloppe charnelle. 
Et n'oubliez pas : "Mort à Videodrome... et vive la nouvelle chair !"


Lord Kavern


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