dimanche 13 octobre 2013

La brigade chimérique ou la fin des super-héros européens.


Ils sont nés sur les champs de bataille de 14-18, dans le souffle des gaz et des armes à rayons X.
Ils ont pris le contrôles des grandes capitales européennes. Par-delà le bien et le mal.
Les feuilletonistes ont fait d'eux des icônes. Les scientifiques sont fascinés par leurs pouvoirs. Pourtant, au centre du vieux continent une menace se profile, au risque d'effacer jusqu'au souvenir de leur existence...

Cette oeuvre en 6 tomes, parue entre 2009 et 2010, est le fruit d'une collaboration entre Serge Lehman et Fabrice Colin au scénario, Stéphane Gess au dessin et Céline Bessonneau à la couleur.
Prix du jury BG Gest 2010 et Grand Prix de l'Imaginaire 2011, cette BD éditée par L'Atalante, dépeint une allégorie fantastique de l'Europe d'avant la seconde guerre mondiale : une Europe peuplée de super-vilains et de super-héros. L'univers de la BD met aussi en scène des véhicules et technologies imaginaires ainsi que des personnalités réelles (Marie Curie, André Breton...) ou fictionnelles (Superman, The Shadow et autres personnages des premiers comics américains, François Dutilleul alias Le Passe-Muraille... ).

Il est amusant de voir comment les auteurs, pour les besoins de leur récit, ont su emprunter certains code du comics et de l'histoire de super héros : format de la BD se rapprochant du comics, rapidité d'exécution et nécessité d'avoir dessiné des pages en A4 pour avoir un rythme de parution rapide tout en transposant une histoire de super-héros à l'européenne.
Nous n'avons pas  l'impression de lire un comics avec "le gentil qui sauve la belle du méchant". Nous ne sommes pas projetés dans un univers manichéen :  les personnages portent plus des convictions et des idées politiques que la bonne parole et dépeignent assez bien l'idée et les démons de l'Europe de l'époque.

(Planche extraite de La Brigade Chimérique (cliquez pour aggrandir)

Stéphane Girard, dit Gess, à qui on devait déjà Teddy Bear et Carmen McCallum (chez Delcourt), et qui nous avait plus habitué à des récits Cyberpunk, a réussi le tour de force de changer ses codes BD pour intégrer les particularités de la narration comics. Son dessin s'est simplifié (sans pour autant perdre en qualité) pour ne garder que l'essentiel nécessaire au récit. L'ensemble est synthétique, efficace et dynamique à l'instar de Mike Mignola (Hellboy) dont on ressent une certaine influence.
La couleur en applat, tout en sobirété et efficacité, appuie le choix graphique et l'encrage de Gess et nous rappelle la collaboration entre le dessinateur d'Hellboy et son coloriste Dave Stewart.
Le scénario et le dessin se complètent parfaitement et sont moteurs du récit.

Un incontournable qui s'est vu doté d'une préquelle "L'homme truqué" paru en mars 2013, et prochainement suivi des aventures d'un des protagonistes : "Le Nyctalope".





Lord Kavern

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