L'Etrange
Librarium : Bonjour, pouvez-vous vous présenter et nous parler de
votre parcours, présenter votre recueil à nos lecteurs (diplôme,
expérience professionnelle, bibliographie) ?
Bonjour, mes études me prédestinaient à être
comptable, mais je me voyais plutôt voyageur au long cours. Dès que
j’ai pu, je me suis donc embarqué sur un cargo pour Cayenne (en
fait un 747) où je suis resté cinq ans. J’y ai écrit mes
premiers textes (qui doivent toujours dormir au fond d’une malle
entre un masque Saramaka et une machette brésilienne). Ensuite, je
suis parti en Afrique. Mais c’est aux Antilles que j’ai
sérieusement commencé à écrire. Mon premier texte est paru en
2007 dans la défunte revue Black Mamba. Mon premier roman – un
polar intitulé "Les fantômes du Panassa" - est sorti
en 2008. Il a reçu le prix du jury du roman de l’été du magazine
Femme Actuelle des mains de Paulo Coelho. Un homme adorable. Depuis
j’ai publié un autre roman, toujours policier, et pas mal de
nouvelles noires et fantastiques des deux côtés de l’Atlantique.
Mon
genre de prédilection reste toutefois le fantastique. Dans ce
domaine j’ai une trentaine de publications à mon actif. Benoît
Domis a eu l’excellente idée de choisir les meilleures d’entre
elles et de les regrouper dans un recueil "La Plus grande ruse du Diable et autres récits fantastiques" paru en février
dernier chez Dreampress.com. Pour faire bonne mesure, j’y ai
rajouté une bonne dose d’inédits !
E.L
: Quelles sont vos sources d’inspiration (en littérature,
cinéma, votre expérience personnelle alimente-t-elle vos récits
?...) ? Vos maîtres et coups de cœur en littérature et coup de
cœurs cinématographiques ?
Mon
inspiration, je la trouve au coin des rues, dans le métro, au
travail et dans mes propres angoisses. Je suis un auteur urbain. Mes
récits se déroulent souvent en ville, dans des appartements,
rarement dans des contrées exotiques et pourtant j’en ai visité !
Le mal se cache dans les ruelles et les parkings, j’en suis
convaincu. Là où l’homme peut s’habiller d’anonymat.
En
littérature, je suis assez sectaire. Je lis essentiellement de la
SFFF et du polar. Des comics aussi. Comme j’ai récemment récupéré
ma bibliothèque de jeunesse qui était chez mes parents, je me suis
promis d’en lire tous les livres avant de mourir. Je prends mon
temps, car je ne suis pas pressé. Vous imaginez ? J’arrive à
la dernière ligne du dernier livre et hop, je passe l’arme à
gauche ! Terrible non ? Ça ferait une excellente idée de
nouvelle. En tout cas, j’ai des tonnes de vieux bouquins à lire.
Je redécouvre JG Ballard, Simak, Silverberg. Je me régale de CA
Smith. Je relis encore et encore Howard, Sturgeon et Matheson.
J’adore les nouvelles de Richard Matheson. Quel talent, quel sens
du suspense et de la chute. L’emballage a parfois un peu vieilli
(l’enrobage SF) mais le fond est surprenant de modernité. Il a
tout écrit !
Je
ne lis pas de sagas. Je n’ai pas le temps. Il y a tant de livres à
découvrir alors me plonger dans une série de douze bouquins ou
pire, très peu pour moi !
Pour
les films je suis un bébé Marvel, donc… je vois tout ce qui sort.
Mais là encore je suis plutôt vieux jeu. J’adore rentrer dans les
cinémas du quartier Latin pour y regarder un vieux John Huston, un
Marx Brothers ou un Billy Wilder. Je regarde aussi les vieux films
français avec Gabin, Delon, Belmondo. Vous avez vu Les orgueilleux
d’Allégret ou le Doulos de Melville ? Formidable ! Dans
les années 70/80, j’aime bien Carpenter, Boorman, Kubrick, Parker
ou les frères Scott. Aujourd’hui, je m’ennuie un peu niveau
scénar… Dans les films plus récents j’ai beaucoup aimé "Fight
club" de David Fincher, "Into the wild" de Sean
Penn, "The dark knight" de Christopher Nolan, "Lost
in translation" de Sofia Coppola. Bon d’accord, ça date
quand même un peu ! Mon dernier coup de cœur ciné va… à "Dans l’ombre de Mary – La promesse de Walt Disney" Eh oui !
E.L
: Qu’est ce qui vous a amené à écrire ?
Le
besoin d’évasion et l’ennui. Les mêmes choses qui m’ont
poussé à lire, en fait ! Et l’aventure, le défi !
Quelle plus grande aventure que d’être publié ? C’est
l’aventure ultime pour un petit gars de province dont les parents
travaillaient à l’usine. La passion ne suffit pas. Il faut de la
sueur. Il faut des larmes ! Et le travail que ça demande !
Encaisser les refus multiples. Mais quand un éditeur vous dit « Oui,
je prends », que votre travail est récompensé par une
publication, alors là on se dit qu’on n’a pas bossé pour rien.
L’oxygène est rare dans le monde de l’édition mais il a un
putain de parfum !
E.L
: Comment s’organise le travail autour de l’écriture? Avant,
après la publication ? Pendant l’écriture, le moment de la journée
où vous écrivez le mieux ? Un rituel autour de l’écriture ?
Rigueur
et inspiration. Des mots qui ne vont pas très bien ensemble et
pourtant ! Je me mets devant mon ordi tous les matins à 6h pour
corriger les textes que j’ai écrit le week-end. Le week-end je fais la
grasse mat’ jusqu’à 7h. Mais à 8h, je bosse. Parfois j’ai
déjà une idée en tête, mais le plus souvent je vais à la pêche
aux muses (c’est d’ailleurs le titre d’une de mes nouvelles
dans le recueil "La Plus grande ruse du Diable".
J’attends. Je guette. Et hop, je la chope et je laisse filer la
ligne… On ne sait jamais ce qu’on attrape. Parfois de la friture,
mais parfois c’est du lourd qui vous tire et vous épuise. Je sors
lessivé du combat, la tête en vrac, couvert de sueur. Faut que je
passe à la douche !
Sinon,
j’écris n’importe où s’il le faut. Dans le métro le matin
sur des carnets (pour des textes courts ou des ébauches), en ville
comme à la campagne. Je suis un écrivain tout terrain !
Souvent
je commence dans le silence et puis lorsque je suis lancé, je mets
de la musique. Je recherche toujours quelque chose qui soit dans le
ton de ce que j’écris. Curieusement, la musique d’Alice Cooper
convient souvent le mieux à mon état d’esprit. "I
love the dead"…
Quand
le texte paraît, je guette les premières réactions. Comme je ne
connais personne dans le milieu, je suis toujours ravi qu’une
revue, un blog, un site spécialisé s’intéresse à mon travail.
Les lecteurs vous font aussi parfois de beaux compliments. Lorsque
c’est un roman ou un recueil, j’assure la promo sur des salons.
C’est sympa de rencontrer les lecteurs et puis je retrouve mes
potes et on rigole bien.
E.L
: Autre chose à nous faire partager ? Vous avez carte blanche !
Actuellement,
je dirige une anthologie pour Dreampress.com. Une première pour
moi ! C’est Benoît Domis, l’éditeur de "La Plus
grande ruse du Diable", qui m’a demandé si ça
m’intéresserait. J’ai finalement dit oui après quelques
hésitations car je savais que ça allait me demander beaucoup de
travail et de temps. Mais je ne regrette pas. Je voulais une antho en
hommage aux récits macabres des années 50 et 60, genre "Tales
from the crypt", "The vault of Horror" ou, plus
tard, les récits de Bruce Jones. J’ai sélectionné 20 textes de
terreur. Ça s’appellera "Moisson d’épouvante" et
c’est prévu pour novembre 2014. Si ça marche, on en fera une
antho annuelle.
A
part ça, je recherche actuellement un éditeur pour une novella
fantastico-historique dont l’action se déroule pendant le siège
de Verdun en 1916. Ami éditeur si tu lis ces lignes…
Parallèlement,
je continue à écrire des nouvelles. Quant au roman… c’est un
véritable Everest pour un auteur amateur qui ne peut consacrer que
ses WE à l’écriture ! Mais j’y pense, j’y pense…
Vous
pouvez suivre mon actualité et mes états d’âme sur mon blog :
http://yvesdanielcrouzet.blogspot.fr/
C’est
un peu mon carnet de bord.
Voilà !
Merci
à vous et à bientôt !
Propos recueillis par Lady Fae
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