Sucker Punch est un film de Zack Snyder (le réalisateur de 300). Il est sorti en France le 30 Mars 2011.
On peut lire au dos du DVD : "Cette épopée fantastique, débordant d'action, suit une jeune femme dont l'imagination fertile lui sert d'exutoire à une réalité des plus glauques. Enfermée contre son gré, Babydoll (Emily Browning) n'a pas pour autant perdu sa soif de vivre. Résolue à se battre pour recouvrer sa liberté, elle entraîne quatre codétenues - la réticente Sweet Pea (Abbie Cornish), l'acerbe Rocket (Jena Malone), la débrouillarde Blondie (Vanessa Hudgens) et la plus que loyale Amber (Jamie Chung) - à faire équipe pour tenter d'échapper à leur destin funeste aux mains de leurs geôliers."...
...et jamais résumé n'a aussi mal illustré le pitch d'un film. Car Sucker Punch ne saurait se réduire à cela.
Écolières, jupettes, Katana et gros flingues...
On pourrait de prime abord résumer Sucker Punch à une mise en scène d'héroïnes sexy et sur-armées dans un film d'action vitaminé, quasi frénétique, tel un clip de musique Pop ou Electro sous acide.
Mais il n'en est rien, Sucker Punch est un film à l'imagination débridée superposant différentes couches de réalité et autant de possibilités d'interprétation du récit.
Pour faire simple : dans les années 60, Babydoll et sa jeune soeur sont, à la mort de leur mère, l'objet des violences de leur beau-père. Voulant protéger sa cadette de ce dernier, Babydoll va la tuer accidentellement et se retrouver internée dans un asile.
Là elle fait la connaissance de plusieurs patientes (Sweet Pea, Amber, Rocket et Blondie) et du personnel de ce lieu : infirmiers véreux, psychiatre, cuisinier, etc...
Babydoll et les filles voient en ce lieu (ou peut être n'est ce que dans l'esprit d'une seule protagoniste, mais laquelle ? Sweet Pea ? Babydoll ? ...) non pas un sanatorium mais une sorte de cabaret/bordel dont elles sont les attractions/marchandises.
Là va commencer leur combat pour se libérer, transgressant la triste réalité de cet endroit par leur imagination.
Le film met en scène plusieurs réalités au fur et à mesure du récit : hôpital psychiatrique miteux, cabaret et maison close puis par la suite temple Shintoïste où Babydoll va affronter des samuraïs géants, décors de tranchées Steampunk où les filles vont combattre des Nazi morts-vivants, château médiéval assiégé par des hordes d'orques, combat de dragon à bord d'un bombardier et train piégé au prise avec des robots fous... bref, l'action ne s’arrête pas et le film mélange les genres avec un certain savoir-faire.
On peut ainsi le regarder au premier degré comme une agréable fresque d'aventures alignant des univers différents au travers de scènes d'actions millimétrées et jouissives.
Les Univers "fantasmés" sont parfaitement rendus et esthétiquement impeccables, les éléments uchroniques ou inattendus se mariant parfaitement (avez vous déjà vu un mecha Lapin casser des biplans ou bien un samurai armé d'une mitrailleuse type Gatling ?).
Une triste réalité et de multiples échappatoires
Mais Sucker Punch est surtout de ces films qui vous prennent au dépourvu, vous surprennent par ses différents niveau de lecture et soulèvent de multiples interrogations :
Le récit débute avec la tragédie de celle que nous connaîtrons sous le nom de Babydoll, mais est-ce vraiment elle qui mène l'histoire ?
La narratrice énonce que toute personne possède un ange gardien, et que celui-ci vous donne la force de vous battre pour vous libérer. Qui est l'ange gardien de qui ici ? Babydoll pour Sweet Pea ?
Les filles de cet institut sont invitées , au début du film à jouer des mises en scènes afin d'extérioriser ce qu'elles ont vécu ou bien leurs pathologies. Sweet Pea, est la première à se prêter au jeu et déjà la réalité bascule : sommes-nous déjà dans son esprit ou bien dans celui de Babydoll ?
Bref, tout au long du récit, Zack Snyder, brouille plus ou moins habilement les cartes : qui est finalement l'héroïne véritable ? Qu'est-ce qui est fantasmé et qu'est-ce qui est vrai ? Au travers de qui voyons nous l'histoire..? je me suis fais mon idée là-dessus, je vous laisse vous faire la votre.
Même à la fin du film , plusieurs questions demeurent en suspend. Peut être est-ce voulu, mais au fil de mes interrogations (et de mes recherches sur internet, les forums et blogs regorgeant d'interprétations du film), j'en suis venu à la conclusion que la vérité était ailleurs : dans la version longue.
Un sacrifice et une immense victoire
Sucker Punch a fait couler beaucoup d'encre, ses possibilités d'interprétation étant multiples, il a beaucoup plu et extrêmement déplu selon. Il est une chose évidente pourtant, l'oeuvre de Zack Snyder est riche et complexe. Il ne faut certainement pas s’arrêter à la version sortie en salle pour le juger sur pièce mais aller voir la version Director's cut, avec les dialogues et les scènes non tronquées, pour mieux comprendre de quoi il ressort. Cette version, disponible simplement en VO sur le Blueray de la version longue (127 minutes contre 109 minutes de la version cinéma) dévoile plusieurs fin de dialogue, répliques et scènes amenant une interprétation tout à fait différente de celles possibles avec la version cinéma. Dans celle-ci, le rapport au sexe, au viol des "filles" de cet asile est mis plus en évidence (une version moins tout public mais tout de même intéressante), l'importance des musiques où Babydoll se met en scène, l'aspect jeu vidéo de certains univers et notre rapport parfois malsain aux héroïnes ultrasexy ...
C'est un film jouissif, je le répète, invitant toute personne qui le regarde à trouver en soi la volonté de combattre pour réaliser ses rêves. Je ne peux que vous suggérer de le regarder par-delà les apparences, et vous faire votre propre idée.
Lord Kavern
Superbe film où le Steampunk est mis à l'honneur. J'ai bien aimé le côté décalé des scène et des voyages dans l'esprit de l’héroïne. J'ajouterai une superbe bande son avec une reprise de Swett Dreams à couper le souffle.
RépondreSupprimerJe suis parfaitement d'accord la reprise de Sweet Dreams est absolument exceptionnelle et donne des frissons !
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