dimanche 2 juillet 2017

Okja, de Bong Joon Ho


Pendant dix années idylliques, la jeune Mija s'est occupée sans relâche d'Okja, un énorme animal au grand cœur, auquel elle a tenu compagnie au beau milieu des montagnes de Corée du Sud. Mais la situation évolue quand la multinationale familiale à laquelle la créature appartient vient récupérer Okja et transporte l'animal jusqu'à New York où Lucy Mirando, la directrice narcissique et égocentrique de l'entreprise, a de grands projets pour le cher ami de la jeune fille.
Sans tactique particulière, mais fixée sur son objectif, Mija se lance dans une véritable mission de sauvetage. Son périple éreintant se complique lorsqu'elle croise la route de différents groupes de capitalistes, démonstrateurs et consommateurs déterminés à s'emparer du destin d'Okja, tandis que la jeune Mija tente de ramener son ami en Corée.

Okja est sorti le 28 Juin 2017 sur Netflix et le nom de cet attachant animal semble depuis être au coeur des conversations. Bong Joon Ho, à qui l'on doit déjà The Host et The Snowpiercer, signe là un film poignant dont on ne sort pas indemne.


Un casting atteignant des sommets de perfection

La jeune Ahn Seo-Hyeon, qui interprête magnifiquement Mija, rayonne de douceur et de sincérité au beau milieu d'un casting de qualité où chaque acteur rivalise de talent.
Lily Collins (Blanche Neige), Paul Dano (Little Miss Sunshine) et Steven Yeun (The Walking Dead) s'offrent ici trois beaux rôles : activistes engagés dans un Front de Libération des Animaux, ils sont le moteur de l'expédition visant à libérer Okja ! Les trois acteurs sont tout autant capables de faire rire que d'émouvoir dans un film alternant scènes cocasses et séquences tragiques. 

Face à cette équipe de choc, Tilda Swinton, Giancarlo Esposito et Jake Gyllenhaal sont plus détestables et caricaturaux que jamais. 
Tilda Swinton est la PDG de Mirando, une femme pathétique à qui la soeur jumelle n'épargne rien dans ses tentatives pour faire de l'entreprise familiale le fleuron en matière de super-cochon ! Jake Gyllenhaal s'essaie à un rôle peu conventionnel de vétérinaire alcoolique, dépressif et excessif déchiré entre son amour des animaux et la mission (donner envie au public de consommer du super-cochon) que lui a confié son employeur Mirando. 
On retrouve également Giancarlo Esposito qui joue là le directeur financier de Mirando. Il renoue avec le rôle d'un gestionnaire cynique et sans pitié. Nous l'avions en effet découvert dans le rôle de Gus Fringe de la série Breaking Bad. De "Los Pollos Hermanos" aux "súper cerdos" il n'y a qu'un pas qu'il franchit avec succès !  Des rôles taillés sur mesure où froideur, démesure et ambition rongent ces protagonnistes dont le seul but est de se faire "un paquet de fric" !


L'esthétique

Le film de Bong Joon Ho est à mi-chemin entre le cinéma asiatique et occidental, comme pour l'adaptation du Transperceneige. 
La campagne coréenne y est dépeinte de façon contemplative et avec sérénité. Cela contraste ensuite avec la rigueur feutrée de Séoul et l'effervescnece citadine de New-York.
La musique est discrète pendant la majeur partie du film mais appuie efficacement les scènes. Elle se veut parfois totalement décalée lorsque qu'elle prend, contre toute attente, des sonorités hispanniques lors de la course poursuite dans la galerie commerciale de Séoul. 
L'animation de la créature Okja est bluffante de réalisme :  sa gestuelle ou ses expressions rappellent le cochon, l'hippopotame et le lapin bélier, la texture de son épiderme est merveilleusement recréée.
Présentant la beauté de la campagne coréenne où règne le calme et la joie de vivre, les sombres lieux d'élevages et d'abattages des super-cochons, et mettant en scène une créature plus vraie que nature, le film offre à son public une esthétique qui n'a rien à envier aux grosses productions.


Okja : plaidoyer pour les animaux et satire du capitalisme

Le réalisateur Bong Joon Ho, mèle ici les genres sans pour autant perdre son public. Oscillant entre fantastique et dure réalité Okja est à la fois un conte sur l'amitié entre un animal et son humain (l'inverse fonctionne aussi !) mais également une satire décapante du monde moderne : y sont dépeind le green-washing et les stratégies marketting mensongères visant à donner au produit un caractère artisanal et authentique là où l'industrie ne jure que pas la sur-production et le capitalisme à outrance. 
Si Okja ne remet pas complétement en cause la consommation de viande (Mija et son grand-père ne sont pas végétariens), le film alerte sur les conditions désastreuses d'élevage et d'abattage des animaux dans notre société moderne.

Sous couvert d'une aventure fantastique mettant en scène Mija, jeune fille issue de la campagne coréenne, et Okja, cochon géant appartenant à une firme agroalimentaire, le réalisateur signe là une fable écologique et éthique extrémement touchante. Le conte devient un cri déchirant en faveur de l'animal.
Ce qui aurait pu se réduire à un film de SF foisonnant de clichés ou à une dystopie se révèle être un long-métrage lourd de sens dont l'esthétique ne vient pas masquer la leçon de vie et le message qui en ressortent. Un conte cruel mais nécessaire !

Lady Fae et Lord Kavern

8 commentaires:

  1. Un film plein de sens et très émouvant. Il démontre vraiment bien la réalité des chose dans la vie réelle.

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    1. J'espère que cela fera avancer la lutte pour le bien être animal.... Okja sauvera sans doute des vies... Le chemin est long mais on y arrivera !!!

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  2. Tout est parfaitement énoncé ! en plus des entreprises eco-friendly, le film pointe également du doigt les dérives de certaines ONG représentées par un Paul Dano un poil despote...

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    1. Bonjour Marion !

      C'est vrai que le film montre à quel point ceux des FLA peuvent être extrèmes/caricaturaux dans leur démarche (qui reste louable !)... celui qui refuse de manger une malheureuse tomate cerise pour laisser la plus faible empreinte sur Terre m'a fait sourire mais je suis sûre qu'il y en a qui sont vraiment comme ça ! Finalement le FLA du film n'est pas non plus tout blanc : Steve Yeun ment sur les traductions pour pouvoir mener à bien leur mission : résultat il met en danger Okja et ment à Mija... mais au moins le film n'est pas trop manichéen.

      Tu as vu la scène post générique ?

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    2. Il y a un scène post-générique ? je vais la découvrir sur le champ ! Sinon pour le reste,on est raccord :-)

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  3. Le terme de fable est très bien choisi!

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    1. En effet puisqu'un fable vise à donner un leçon de vie de façon plaisante (même si l'intégralité du film n'est pas plaisant dans le sens où certains passages sont extrémement déchirants !)

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