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mardi 17 septembre 2019

Ça - Chapitre 2, de Andres Muschietti


27 ans après la victoire du Club des Ratés sur Grippe-Sou, le sinistre Clown est de retour pour semer la terreur dans les rues de Derry. Désormais adultes, les membres du Club ont tous quitté la petite ville pour faire leur vie. Cependant, lorsqu'on signale de nouvelles disparitions d'enfants, Mike, le seul du groupe à être demeuré sur place, demande aux autres de le rejoindre. Traumatisés par leur expérience du passé, ils doivent maîtriser leurs peurs les plus enfouies pour anéantir Grippe-Sou une bonne fois pour toutes. Mais il leur faudra d'abord affronter le Clown, devenu plus dangereux que jamais…

Le clown Pennywise (nommé Grippe-sou dans la version française) revient nous faire hurler de terreur dans nos salles de cinéma, après deux ans d'attente.

Et cet effroyable personnage, campé par Bill Skarsgård, qui a déjà fait frémir de peur une précédente génération de spectateur, grâce à l'interprétation du brillant Tim Curry, à faim... très faim.
Andrés Muschietti, le réalisateur Argentin du premier chapitre et de l'excellent Mama (2013), clôt ici le dyptique de la nouvelle adaptation de l'oeuvre de Stephen King avec un certain brio.

Le film s'ouvre 27 ans après les précédents évènements, non pas sur une scène gore comme avec le petit Georgie, mais sur la transposition dans la ville de Derry d'un crime réel : une agression homophobe ayant viré au meurtre dans la région du Maine, à l'époque où Stephen King écrivait son roman. Celui-ci avait alors décidé de l'intégrer à sa fiction, choqué par la violence et la bétise du geste de quelques haineux. Le réalisateur et son équipe ont décidé de l'intégrer à cette nouvelle adaptation en salle, la trouvant malheureusement encore tristement d'actualité... le clown en plus.

Le récit ramène à Derry le club des ratés, devenus des trentenaires aux vies hantées par les échos de leur passé. Mike, le seul à être resté dans cette ville, les rassemble à nouveau pour mettre fin à une nouvelle série de massacres et de disparitions, car "Ça" est revenu.

Le récit est resté fidèle au livre et à l'adaptation de 1990. On y retrouve bien l'ambiance désabusée du second opus de la minisérie... et aussi quelques longueurs par moment dans la narration.

Le récit gagne néanmoins, par les talents combinés de Andrés Muschietti et Bill Skarsgård, en noirceur, en tension et en horreur. Les interventions du clown sont redoutées, les jumpscares habiles s'enchaînent et vous font sursauter ou vous clouent à votre fauteuil. L'ombre inquiétante de la peur au coin de l'image plane toujours, dans les ténèbres ou les moments d'absence de Pennywise, prête à fondre.

Les victimes, comme les hallucinations s'enchaînent sans filtre (avec bain de sang), dans la ville maudite, laissant les protagonistes redouter que leur moindre peur ne prenne vie.

Car à l'instar de la référence de Nightmare on Elm Street (premier opus de la série Freddy), film diffusé à Derry durant les jeunes années des protagonistes, les peurs et cauchemars de l'enfance sont au coeur du récit de Ça. Pennywise le clown et ses "lumières mortes" se nourrissent de la peur et de la chair fraîche d'enfants tous les 27 ans avant de somnoler jusqu'à la période suivante de massacres.

Le film s'offre un casting adulte de grande qualité pour compléter le précédent, avec Jessica Chastain, James McAvoy, James Ransome, Bill Hader... et même Stephen King !

La réalisation est à l'image du premier opus : finement maîtrisée avec des rotations de caméra et des angles induisant l'impression de déséquilibre, de vertige et de chute. Tout celà participe à donner au spectateur la sensation que tout peut basculer soudainement dans l'horreur et la terreur. Muschietti développe là tout son habile savoir-faire. On retrouve des idées expérimentées dans son film Mama ainsi que d'autres situations surprenantes ou cocasses nous prenant au dépourvu.

On aimera ou pas la refonte de la fin de l'histoire sur les origines du clown, qui est la seule véritable variation de cette version, mais en tout cas elle a le mérite d'amener un enchainement de scènes particulièrements spectaculaires à ce film.

En conclusion, Ça - Chapitre 2 est une brillante conclusion à la nouvelle adaptation que l'on nous a fait découvrir deux ans plus tôt. Un "conte d'ogre coloré et carnavalesque" sur les peurs ou les traumatismes de l'enfance saupoudré d'horreur sanglante.
Même si vous connaissez le roman de Stephen King ou la conclusion de la minisérie, courez voir la vision qu'en a eu Andrés Muschietti, ne serait ce que pour le talent de ce réalisateur.


Lord Kavern

jeudi 21 septembre 2017

Ça, de Andrés Muschietti


Nul n'a pu passer à côté : un de nos plus vieux cauchemars de gosse a refait surface. Une peur insidieuse que la plupart d'entre nous avaient enfouie profondément sous tout un tas d'autres souvenirs, comme si -tel ce bon vieux Freddy- ne plus y penser suffirait à la faire disparaître. Qu'on ne s'y trompe pas, c'est là une quête vouée à l'échec. Les années 80 et 90 furent le théâtre de nombreux massacres et autres crimes horrifiques, à Helm Street, à Crystal Lake ou encore dans la petite bourgade de Derry... Et c'est dans ce dernier lieu qu'Andy Muschietti décide de nous entraîner à nouveau dans son dernier film, pour le plus grand plaisir de notre âme d'enfant.

Comme je le soulignais à l'instant, le cinéma d'horreur a particulièrement marqué le paysage de ces années troubles, et on relève aujourd'hui encore les traces que ses nombreux représentants ont laissé dans l'imaginaire collectif. Il suffisait de voir ces ballons rouges attachés aux grilles des bouches d'égout samedi dernier devant le cinéma Vox de Strasbourg, par exemple, pour  se rendre compte que malgré tout le temps passé à tenter de l'oublier, le spectre de la coulrophobie n'avait quitté personne. 


Et il fallait l'oser, car aussi perfectible ait pu être le téléfilm de 1990 (d'aucuns diront qu'il était incroyablement mauvais, je préfère me montrer plus mesuré) il s'était imposé comme l'adaptation la plus marquante jusqu'alors d'un livre de Stephen King. Ouais, le Maître du thriller lui-même, dont pléthore de bouquins ont eu droit à leur portage sur grand ou petit écran. Il ne s'agissait donc pas pour Muschietti de simplement offrir au livre de King une moulure adéquate à une sortie en salle, mais aussi de rendre hommage à son prédécesseur.

Allez, je vous épargne une nouvelle fois le pitch, notre bon Lord Kavern en a déjà très bien parlé, et je me garderais de vous en dévoiler trop sur les tenants et aboutissants du film. A la place, je vous invite à un petit focus sur le culot et l'adresse d'Andy Muschietti, cet argentin plein de promesses !

Deux films, et déjà une identité.

Deux. C'est le total de longs-métrages dans la filmographie actuelle du réalisateur de « Ça ». Et ce dernier est compté dedans. Rien que ça, il faut en saluer l'audace. Lorsque sont tombées les premières rumeurs d'un remake des mésaventures du Clubs des Losers de Derry, j'ai grincé des dents. En effet, cela fait déjà longtemps que j'ai été désabusé par des légions de remakes dégueulasses, ersatz de patchwork de ces vieilles pellicules chères à nos souvenirs sur lesquelles certains et certaines chiaient allègrement en croyant bien faire... Et quand bien même je n'ai jamais été un grand fan ni du roman de King ni de l'adaptation que Tommy Lee Wallace avait pu en faire, j'aime qu'on laisse les vieux monstres du cinéma en paix.  A plus forte raison aujourd'hui, Monsieur Romero n'étant plus là pour ramener les morts à la vie. Pourtant, un nom suffit à m'apaiser : Andy Muschietti.

Son premier long-métrage est le bien connu et justement récompensé « Mama », et je l'évoquais précédemment dans mon billet sur « Grave Encounters » comme l'un des derniers films de genre m'ayant impacté, ou pour le moins ne m'ayant pas laissé indifférent. Et cela est dû sans aucun doute au style très prononcé de son réalisateur. Une patte graphique propre, une esthétique très tortueuse se jouant des ombres et des lumières comme le ferait un prisme, ainsi qu'un impact visuel incisif et indubitablement marquant : ce sont là les empreintes de notre argentin, et ce en deux films seulement. J'ai peut-être l'air d'insister là dessus de façon monomaniaque, mais c'est parce que je m'enchante du retour des auteurs dans le cinéma de genre. Aussi, si Muschietti semble parfois se chercher encore, il est indéniable qu'il soit en passe de marquer le renouveau du film fantastique et horrifique. Car il faut l'admettre, visuellement on en prend plein la gueule. Tout amateur de photographie pourra s'émerveiller sur les plans de « Mama » comme de « Ça » et de leur étalonnage.

Mais si l'identité de Muschietti n'était que visuelle, alors on n'aurait à faire qu'à un énième pseudo-néo-proto-philosophe-penseur-accrobate-unijambiste-du-cinéma convaincu de donner dans le renouveau de l'art vidéo, transgressant le genre à ne plus s'en sentir pisser (coucou Gaspard Noé, non je ne trouve toujours pas bon ton cinéma)... or Andy n'est pas de ces usurpateurs, non. Il instille dans chaque minute de ses films sa passion pour le genre. Là où son compatriote sus-mentionné force l'adoration et l'amour, Muschietti les partage avec les spectateurs. La mise en scène flirte avec l'angoisse et l’oppression, puis sait nous rendre notre souffle au bon moment. Vous savez, ce moment qu'on recherche ardemment lorsqu'on se matte un film d'horreur. Celui où l'on se retrouve écrasé par l'anxiété, juste suffisamment pour que ça n'en devienne pas fort désagréable et qu'on en garde un mauvais souvenir. Voilà l'équilibre que vise (plutôt adroitement, de surcroît) Muschietti. Il est d'ailleurs sympathique de voir que le choix d'adapter la première confrontation des enfants de Derry à Pennywise plutôt que de se limiter à leur retour une fois adulte (comme dans le téléfilm, et qui sera l'objet du second opus) permet au récit de se ponctuer de grandes bouffées d'air.

Bien que sa filmographie n'en soit qu'à ses début, et qu'il puisse être délicat par conséquent de vouloir la juger dans son ensemble, on ressent très clairement dans « Ça » la présence du papa de « Mama ». Les enfants, notamment, reviennent ici voler au monde adulte la vedette, leurs craintes tout comme leur bravoure sont l'épine dorsale de ses deux films. Et si j'espère une tournure plus psychologique que sensitive pour le second opus, il va de soi qu'Andy Muschietti sait ce qu'il fait, et je conseille à quiconque de surveiller attentivement la progression de sa carrière.

Découvrant le film lors de la cérémonie d'ouverture du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, je suis encore surpris de voir et d'entendre que « Ça » d'Andy Muschietti fait déjà bien parler de lui et a déjà marqué les esprits. Non exempt de défauts pour autant, il a su s'attirer la bienveillance de son public de par le respect avec lequel il traite les deux œuvres dont il est tiré, aussi bien le livre que le film. King lui-même, pourtant éternel insatisfait et aux goûts cinématographiques assez... disons curieux (« Shining » de la merde ? Sérieusement Stephen ?) a dit avoir beaucoup apprécié ce revival. Mais le long-métrage ne présente pas ses hommages qu'à ses homonymes, il est également une fresque dédiée au cinéma de genre en avançant toute cette fraîcheur et cette honnêteté intellectuelle qu'avaient ceux de l'époque.
Alors en tant qu’aficionados poussiéreux de cette ère presque néolithique, je pense qu'on ne peut que trouver réconfortant de savoir les nuits blanches de nos jeunes têtes blondes entre les mains habiles de tels cinéastes. 

Curieux, nostalgiques, vieux baroudeurs ou jeunes galopins, je ne saurais que vous recommander de laisser sa chance à ce film. Car au-delà de son rythme un peu lent et des légers défauts qui le ponctuent, il reste une excellente œuvre cinématographique et constitue l'un des immanquables de cette année 2017.
Sur ce, ne sortez pas sans votre ciré jaune, mais gardez à l'esprit les conseils de vos parents : ne jamais parler aux inconnus.
Bien à vous,
Bishop9K

dimanche 17 septembre 2017

Ça, de Andy Muschietti


À Derry, dans le Maine, sept gamins ayant du mal à s'intégrer se sont regroupés au sein du "Club des Ratés". Rejetés par leurs camarades, ils sont les cibles favorites des gros durs de l'école. Ils ont aussi en commun d'avoir éprouvé leur plus grande terreur face à un terrible prédateur métamorphe qu'ils appellent "Ça"… 

Car depuis toujours, Derry est en proie à une créature qui émerge des égouts tous les 27 ans pour se nourrir des terreurs de ses victimes de choix : les enfants. Bien décidés à rester soudés, les Ratés tentent de surmonter leurs peurs pour enrayer un nouveau cycle meurtrier. Un cycle qui a commencé un jour de pluie lorsqu'un petit garçon poursuivant son bateau en papier s'est retrouvé face-à-face avec le Clown Grippe-Sou …


Nous avons eu le plaisir de découvrir Ça en avant-première lors de la soirée de l'horreur au Cap'cinéma de Carcassonne. Trois jours avant la sortie officielle les clowns étaient au rendez-vous pendant que les coulrophobes restaient terrés chez eux !


Ça (It : Chapter One) est la nouvelle adaptation du roman de Stephen King réalisée par Andy Muschietti à qui l'on doit l'excellent Mama. Il fait partie d'une duologie, deux films adaptant le téléfilm de 1990 de Tommy Lee Wallace. Cette nouvelle version met en scène les évènements étranges se passant à Derry durant l'été 1989 dans la première partie de l'histoire (la suite annoncée devrait se dérouler en 2016 si on en croit le postulat).

Adapter à nouveau ce récit après la version de 1990 était un défi. Cette mini-série en deux parties, bien qu'ayant fait trembler des générations d'enfants (et d'adultes), accuse le coup aujourd'hui et ne peut plus prétendre au statut de film tant il ressemble à présent à un simple téléfilm du dimanche après-midi.

Le film d'Andy Muschietti dure 2h15 et se dote d'une mise en place assez lente mais progressive. On se réjouit que la réalisation et la production n'ait pas fait l'impasse sur celà en ne tronquant  pas l'adaptation, afin de coller aux standards du format cinéma. Le récit gagne en profondeur avec le développement des sept héros de l'histoire, et leurs rencontres progressives et flippantes avec Gripsou le Clown dansant.

La photographie et la mise en scène sont impeccables : la couleur, les plans sont maitrisés et rendent hommage à la version de 1990. On retrouve avec beaucoup de plaisir bon nombres de scènes remises au goût du jour avec brio.
Les effets spéciaux sont particulièrement réussis. Que cela soit les transformations monstrueuses de Gripsou, ses déplacements cauchemardesques, le maquillage des enfants morts, les lieux qui se transforment ou s'étirent, tout est savamment dosé sans tomber dans l'avalanche de SFX. La scène où les enfants flottent tous dans "les Lumières-Mortes" ne laisse pas le public indifférent tant son esthétique est travaillée.

Bill Skarsgård signe ici une interprétation magistrale de Gripsou le Clown dansant  (Pennywise) : inquiétant, malsain, basculant aisément du clown au monstre en passant par des expressions d'absence ou de malignité bluffantes, il dépasse la prestation pourtant excellente de Tim Curry à l'époque. Son regard et ses sourires pernicieux vont faire faire des cauchemars à une nouvelle génération de cinéphiles et jeter un vernis d'inquiétude sur les gens déguisés en clown.
Le maquillage appuie habilement la physionomie de l'acteur, accroit le sentiment d'insécurité qu'il inspire, et va bien au delà de celui de clown plus classique que pouvait avoir Tim Curry. Gripsou se drape d'une nouvelle image plus sinistre qui va devenir iconique dans le genre des films d'horreur. A noter qu'un clin d'oeil au personnage original de la version de 1990 est dissimulé dans le film comme pour boucler la boucle.


La prestation des jeunes acteurs est excellente. Mention spéciale à Finn Wolfhard (Ritchie), découvert dans la magistrale série Stranger Things,  qui réussit à nous faire un peu oublier cette dernière en campant un adolescent binoclard casse pied, drôle et injurieux. Jaeden Lieberher est quand à lui touchant dans le rôle de Bill le bègue, frère du petit Georgie qui disparait au début de l'histoire.


Les seconds rôles ne sont pas en reste : les adultes qui entourent les enfants sont soit odieux, soit aveugles aux évènements, caricaturaux d'une certaine Amérique des années 90, comme aime à la montrer Stephen King dans ses récits. 

Henri Bowers (Nicholas Hamilton) et sa bande de voyous sont détestables à souhait et moins caricaturaux que dans le téléfilm. Ils sont traversés de doutes, de peurs ou de problèmes d'adolescents tout autant que leurs ennemis "les ratés", les jeunes héros du film.

Andy Muschietti nous livre ici le premier chapitre d'une adaptation prometteuse, enthousiasmante et délicieusement abominable, fidèle à l'oeuvre originale et à la mini-série devenue culte des années 1990. Astucieux dans sa mise en scène et capable de nous faire frémir, ce premier volet de la duologie donne un nouveau souffle à une oeuvre incontournable du "King", dépoussiérant au passage le travail de Tommy Lee Wallace tout en donnant envie de nous y replonger !!! 

Nous attendons avec impatience la sortie du second opus en espérant que l'épouvante sera à son paroxysme !

Lord Kavern


Lord Kavern, chroniqueur et clown à ses heures perdues / L'Etrange Librarium, une affaire de famille !